La basilique Notre-Dame d'Afrique, construite sur le promontoire de Bologhine, dans le vieux quartier de Zghara, s'est parée de ses plus beaux atours. Nulle trace de patine ou de fissures, l'édifice, construit en 1872, a été complètement restauré. La cérémonie d'inauguration des travaux de réhabilitation et de confortement de Notre-Dame d'Afrique s'est déroulée hier en présence d'une foule nombreuse d'officiels et de simples anonymes qui se bousculaient sous le porche de l'église qui s'est avérée trop exiguë. «C'est merveilleux. C'est formidable de revoir Notre-Dame d'Afrique sous cet aspect», se réjouit Thierry Becker, curé de la cathédrale d'Oran, venu participer à la cérémonie en compagnie de plusieurs autres personnalités de l'Eglise algérienne : Henri Teissier, Denis Gonzalez, Gilles Nicolas… «La restauration de la basilique Notre-Dame d'Afrique est un vrai chef-d'œuvre, pas seulement architectural, mais c'est aussi chef-d'œuvre d'entente entre les différentes communautés d'Algérie et entre les deux peuples des deux côtés de la Méditerranée», assure tout content l'archevêque d'Alger, Ghaleb Bader, qui affirme que la motivation des promoteurs du projet n'est pas seulement de restaurer un «bâtiment», mais surtout de sauvegarder un patrimoine national, «propriété de tous les Algériens». La restauration de cet édifice, touché de plein fouet par le séisme de 2003, ne fut pourtant pas une sinécure. Le responsable de la Direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers d'Alger (DARQ), maître de l'ouvrage délégué, reconnaîtra que le début a été «laborieux». «Des contraintes liées à l'adaptation des procédures des travaux et à l'inexistence de crédits au début ont retardé le lancement des travaux. La restauration de la nef a pris trois mois de retard. Les travaux de la deuxième tranche ont connu une meilleure cadence. Devant être terminés en novembre dernier, les opérations de réhabilitation ont été achevées en juillet, soit quatre mois avant le délai contractuel», relève M. Ghida Montage financier… Le projet de restauration est entré dans une phase active en novembre 2006 avec le bouclage de son financement. «La première contribution est venue de la wilaya d'Alger avec 56 millions de dinars. Trois collectivités locales françaises (la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le département des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille) et l'Union européenne, sollicitée par le ministère des Affaires étrangères algérien, ont pris part aux financements», indiquera le chef du projet, Dominique Henry, qui relève que des entreprises mécènes algériennes et des filiales d'entreprises françaises ont participé aussi au montage qui a permis de réunir quelque 5,1 millions d'euros, «coût global des travaux de restauration». L'entreprise réalisatrice (A. Girard), supervisée par Xavier David, architecte marseillais, a été désignée. Les travaux ont concerné trois parties de l'église (la nef, le chœur et la sacristie et le campanile). L'architecte, qui a mené les travaux de restauration de l'église Notre-Dame de la Garde de Marseille, parle de l'«effort exceptionnel qui a permis à l'édifice de retrouver une nouvelle fraîcheur». «Des travaux de confortement parasismique ont été mis en place. Les voûtes ont été renforcées par des bandes de carbone», relève le responsable de l'entreprise A. Girard, Christian Pons. Les premiers travaux de la basilique ont été lancés durant la deuxième moitié du XIXe siècle. La pose de la première pierre eut lieu en 1855. L'édification de la basilique, dont les plans avaient été confiés à l'architecte M. Fromageau, ne commença que le 2 février 1858. L'édifice fut consacré quatorze ans plus tard, le 2 juillet 1872, par Lavigerie, dont la statue est toujours visible sur l'esplanade de l'église surnommée «Madame l'Afrique» par les Algérois.