La basilique Notre-Dame-d'Afrique a rouvert ses portes, hier, après trois années de travaux de restauration. Pour célébrer l'événement, une cérémonie a été organisée à la chapelle de Notre-Dame en présence de personnalités nationales et d'ambassadeurs. Parmi les convives, Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République, le ministre des Affaires religieuses et du Waqf, Bouabdallah Ghlamallah, le wali d'Alger, Mohamed Abdou, l'archevêque d'Alger, Monseigneur Ghaleb Bader, l'ex-archevêque d'Alger, Monseigneur Tessier, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, des présidents de Conseil régionaux du sud de la France, Michel Vauzelle et Jean-Noël Guérin, la représentante de l'Union européenne, Laura Baeza. La cérémonie a débuté par l'interprétation de l'hymne national algérien et celui du Vatican, joué par l'orgue qui est à sa 100e année. La basilique Notre-Dame-d'Afrique a souffert de l'abandon pendant la décennie noire de l'islamisme, puis suite au séisme de 2003 qui avait élargi davantage les fissures de l'édifice dont les deux tourelles menaçaient de s'effondrer. La wilaya d'Alger, chargée du suivi des travaux, et l'association Diocésaine d'Algérie ont conjugué leurs efforts pendant plus de trois années, de 2007 à 2010, pour assurer la restauration de la basilique. Pour l'architecte du projet, Xavier David, le chantier était exceptionnel d'un point de vue technique. Outre la restauration, un grand travail de consolidation parasismique a été fait. M. David s'est également félicité que le chantier ait enregistré zéro accident. Pour sa part, le P-DG de Sonelgaz, Nourredine Bouterfa, a rappelé que la basilique est située dans un quartier populaire d'Alger et que cela est signe de l'ouverture culturelle des habitants de la capitale et leur tolérance envers les autres religions. De son côté, l'archevêque d'Alger a précisé que “la restauration de la basilique n'est pas qu'une restauration de pierre, c'est une restauration de relations humaines”. Il a ajouté que “la basilique est un espace dédié à tout un chacun et qu'elle n'est pas propre à une communauté précise”. L'inauguration de la basilique intervient au lendemain de la condamnation, dimanche, de 4 Algériens convertis au protestantisme, à des peines allant de deux à trois mois de prison avec sursis, dans un procès où ils étaient poursuivis pour ouverture illégale d'un lieu de culte en Kabylie. Un fait que le ministre des Affaires religieuses et du Waqf, présent à la cérémonie, a commenté en affirmant que la même sanction est infligée à toutes les personnes qui fondent un lieu de culte sans autorisation. Pour M. Ghlamallah, la participation algérienne à la restauration est un “signe que l'Algérie n'a pas peur”. M. Belkhadem a abondé dans le même sens en affirmant que le même sort serait, le cas échéant, réservé à des musulmans. “Même les musulmans doivent fournir des documents administratifs pour créer une association ou construire une mosquée et s'ils ne se soumettent pas à la loi, le même sort leur sera réservé”, dit-il. Revenant sur la rénovation, le représentant personnel du président de la République trouve “normal” que l'Algérie soit partenaire du moment qu'elle a une communauté chrétienne. La restauration a coûté cinq cent dix millions de dinars. L'UE a versé un million d'euros, la ville de Marseille 1,08 million d'euros, l'état algérien et l'état français un demi-million chacun. La région française Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et des donateurs privés ont contribué à hauteur de 35%. Construite il y a près de 150 ans sur les hauteurs d'Alger et dont le style éclectique s'inspire des références romaine, byzantine et mozarabe, la basilique est située au sommet d'un promontoire dominant la Méditerranée. Notre-Dame-d'Afrique a été édifiée au milieu du 19e siècle, le gros œuvre a été réalisé en 1866 et l'édifice a été achevé et consacré en 1872. La basilique Notre-Dame-d'Afrique est la “sœur” de Notre-Dame de la Garde à Marseille (France), à laquelle elle fait d'ailleurs face à travers la Méditerranée et qui a aussi été restaurée par la même équipe.