Entrée en exploitation il y a plus d'une vingtaine d'années, l'ENAD de Sour El Ghozlane, une entreprise spécialisée dans la fabrication des détergents et autres produits d'entretien et qui a joué dans le passé un rôle très important dans l'économie locale et nationale, est en crise. En effet, la filiale Sidet, l'une des importantes unités de production appartenant à ce groupe industriel, traverse une crise financière due aux créances impayées. M. Saâdaoui, directeur général de la filiale Sidet, joint par téléphone, a indiqué que les créances de la filiale sont évaluées à plus de 600 millions de dinars. Il y a quelques années, plusieurs partenaires avaient signé des conventions avec le groupe qui coiffe d'autres filiales au niveau national, pour la vente de ses produits à l'instar de Sodig (ex-Diprochim), une société chargée de la distribution et de la vente des produits de ladite entreprise, actuellement en situation de liquidation. Notre interlocuteur a tenu à nous confirmer que le liquidateur de cette entreprise avait envoyé un courrier à la direction générale des domaines dans laquelle il mentionne les reconnaissances de dettes de l'ENAD. A ce problème est venue s'ajouter la contrefaçon des produits de l'ENAD qui a engendré des pertes énormes pour l'entreprise et qui a accentué cette crise. Plus de 50 tonnes de produits phare de cette filiale – Noor et Telj – ont été découverts dans plusieurs wilayas du pays. Les produits contrefaits, dont la maquette et les sacs sont identiques à l'emballage de l'ENAD, ont porté un grand préjudice à la filiale de production Sidet. Une situation qui a contraint les responsables du groupe à déposer une plainte contre X. Cependant, pour une raison encore inavouée, aucune suite n'a été donnée à cette affaire pour le moins énigmatique. La contrefaçon s'est, évidemment, répercutée de manière négative sur la vente des produits de la filiale. D'ailleurs, la production de ces détergents par la filiale Sidet a baissé, passant de 100 tonnes par jour à 8 t/j. Face à cette situation de crise, la direction du groupe a dû procéder au licenciement de 522 ouvriers employés en tant que contractuels. De plus, le groupe est frappé par un découvert bancaire qui perdure depuis le début des années 2000. Au train où vont les choses au niveau de cette entreprise, tout porte à croire qu'elle va droit vers la faillite. En tout cas, tous les signes conduisant à ce constat sont clairs. Notons que le PDG de l'ENAD, Mohamed Chadli, a été suspendu de son poste à la tête de ce groupe fin octobre dernier. Par ailleurs, nous avons appris de quelques sources que des enquêtes judiciaires ont été enclenchées par les deux parquets de Bouira et de Sétif au sujet du groupe allemand Henkel. Elles porteraient, selon les mêmes sources, sur les modalités d'acquisition, en 2001, par l'opérateur allemand des trois unités de l'ENAD implantées à Chelghoum Laïd, Mila, Sour El Ghozlane (Bouira) et Réghaïa (Alger). L'opération de vente de ces trois terrains n'a pas eu lieu en raison de l'opposition des autorités compétentes ayant intervenu, car l'opération était non conforme aux dispositions du cahier des charges. Voulant en savoir plus sur ce cas, l'actuel PDG par intérim, M. Khaldi, a affirmé qu'il s'agit d'«un dossier de partenariat géré par les pouvoirs publics».