Le système d'accueil installé dans les hôpitaux présente plusieurs lacunes. En l'an 2010, Skikda peine encore à assurer convenablement la prise en charge de ses malades et autres blessés. Souvent, les grands blessés, les brûlés, les cancéreux et mêmes les greffés, sont orientés vers Batna, Constantine, Annaba, voire Alger. Les cas les plus malheureux restent cependant les polytraumatisés, des accidentés de la route dans leur globalité qui reçoivent, sommairement, leurs premiers soins à Collo, El Harrouch, Tamalous, Azzaba ou Skikda avant d'être orientés, s'ils parviennent encore à survivre, sur les CHU de Annaba ou de Constantine. Cette problématique a été posée, vendredi dernier, par l'établissement hospitalier de Skikda (EPH), lequel a eu le mérite d'organiser, à l'université de Skikda, la première journée médicochirurgicale consacrée aux polytraumatisés et aux contraintes locales relevées lors de leur prise en charge. Diverses communications thématiques ont été présentées à cette manifestation, laquelle a vu une grande participation des acteurs du monde médical local et régional. «L'initiative se veut en fait un prélude à une longue réflexion concernant la mise en place d'une assise devant permettre une meilleure prise en charge des polytraumatisés. On a relevé que le système d'accueil des polytraumatisés dans nos hôpitaux ne diffère pas de la prise en charge ordinaire des urgences en général, alors que c'est le contraire qui doit se faire», a relevé le Dr Bouregaâ, chirurgien à l'EPH et principal initiateur de cette rencontre. «Cette journée devrait, à mon sens, aboutir à une conclusion générale qui confortera notre conviction que l'improvisation ne doit pas être de mise dans la prise en charge des polytraumatisés. Il doit y avoir des protocoles prédéfinis ainsi qu'une feuille de route. Le deuxième objectif de cette journée est de poser la question quant au rôle exact des CHU dans la pise en charge de ce genre de blessés et d'en débattre avec l'ensemble des présents», poursuit-il, avant de reconnaître que la vocation mondiale de la prise en charge de ce genre de traumatologie reste globalement régionale. Il dira à ce sujet: «On parle actuellement de prise en charge régionale. On ne peut pas équiper tous les hôpitaux, encore moins, les doter du maximum de personnel, alors on opte pour une régionalisation de la prise en charge pour une meilleure efficience.» Mlle Benaâmoune, maître-assistante au service de chirurgie du CHU de Constantine, qui a présenté à cette occasion une communication relative aux aléas types et autres retards de la prise en charge des traumatisés, notera que «les lacunes de la prise en charge se situent au niveau des délais de ramassage et d'évacuation. Des fois, les premiers centres d'accueil ne disposent pas du personnel adéquat. Ce sont là des contraintes assez importantes dans la prise en charge des traumatisés avant leur acheminement vers des CHU, lesquels sont le plus souvent déjà assez dépassés». Pour minimiser ces contraintes, elle a estimé que «les secteurs des grands axes routiers doivent disposer, d'au moins, un réanimateur et un chirurgien de garde, chose qui n'est pas assurée actuellement. A titre d'exemple, pour l'EPH d' El Harrouch, situé sur un axe routier, aussi dangereux qu'important, il faudrait penser à appuyer les deux chirurgiens qui y travaillent car ils ne peuvent, à eux seuls, assurer une bonne continuité du service, idem pour le réanimateur. Vous remarquez que les lacunes de la prise en charge des polytraumatisés est d'ordre aussi bien humain que matériel».