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Mais ils sont fous ces Gaulois...
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2005

On a beau dire que la violence est une forme primitive ou ultime de contestation, les casseurs de France ont fait passer leur message au gouvernement français, mais aussi aux Français et au monde entier. Du moins on l'espère.
Ce « Mai 1968 », version émigrés qui dure depuis deux semaines, est l'expression d'une malvie qui dure depuis des générations. Ces casseurs mineurs sont la forme visible d'un fiasco annoncé de longue date. L'absence d'une politique d'immigration cohérente, volontaire et globale a engendré une mise au banc de la société de toute une partie de la population qui a eu tout le temps de ruminer son désarroi, puis son mécontentement, puis enfin de refuser d'être ignorée et rejetée par un système jugé inique et égoïste. Les grands-parents se sont laissés faire, les parents se sont tus, mais leurs rejetons n'ont pas accepté leur condition, qui de toute évidence s'est nettement dégradée, et ils revendiquent haut et fort, à leur manière, même si elle est contestable. Ces casseurs ont brutalement réalisé qu'on les avait laissé pour compte et que leur avenir ne dépasserait jamais les frontières de leur cité. Ils ont le sentiment profond que la France leur a confisqué toute chance de vivre de manière honorable et d'être respectés. Alors, ils ont réagi brutalement. Avaient-ils d'autres moyens d'exprimer leur désespoir et de crier à l'injustice ? Ce n'est pas sûr, s'ils voulaient se faire entendre pour de bon et faire bouger les choses. Peut-on reprocher à un jeune Arabe ou à un jeune Noir, né en France, d'avoir de l'ambition ou tout simplement de vouloir se faire une place dans le monde où il vit et donc d'avoir un travail et être valorisé aux yeux de ses proches, aux yeux de sa petite copine, aux yeux de ses voisins. Peut-on lui reprocher de vouloir développer l'estime de soi et se donner du courage pour se construire un projet de vie, un projet de société ? Un gouvernement, qui fait la sourde oreille à des milliers de jeunes qui sont ou devraient constituer une bonne part de la population active de demain, fabrique lui-même les ingrédients d'une révolte. Beaucoup d'entre eux l'ont crié haut et fort en affirmant : « Si on casse, c'est parce que l'on à rien perdre ». Il faut ajouter que l'ennui et le désœuvrement sont mère de tous les vices. Il est difficile de comprendre comment un pays comme la France peut se laisser surprendre par un tel raz-de-marée, un véritable tsunami, alors que déjà depuis longtemps tous les indicateurs étaient au rouge pour ces jeunes et moins jeunes également. Il suffit pour cela de se référer aux données relatives au chômage, selon les communautés ethniques, de regarder de près l'attribution des postes bien rétribués ou valorisant, de voir à qui sont offerts les postes à responsabilité un peu partout, de voir qui tire les ficelles et qui a le véritable pouvoir en France. Une autre question se pose, à savoir quels sont les canaux d'expression de ces jeunes, et comment peuvent-ils se faire entendre eux-mêmes et quelles sont les chances qu'on les écoute ? Et bien sûr si on les écoute, veut-on vraiment faire quelque chose pour eux ? Il est évident que la solution n'est pas simple et que les résultats ne seront pas pour demain. Il faut d'abord montrer et prouver qu'il y a une volonté au niveau politique et au niveau de « Monsieur tout le monde » d'améliorer la situation de ces jeunes. Il y a un tel retard et un tel décalage entre les dirigeants et même les citoyens à part entière et ces « jeunes marginalisés » que toutes les mesures qui seront prises et les solutions qui seront mises en place ne donneront de résultats palpables que dans le moyen et le long termes. La seule chose que l'on pourra gagner, mais qui est fondamentale, dans le court terme, c'est de donner confiance à ces jeunes, afin qu'ils comprennent que tout n'est pas foutu pour eux.« La richesse ne vaut que si elle est partagée », a-t-on dit. Alors, ne créons pas une société à deux vitesses, car forcément il y aura une partie qui sera laissée pour compte et qui un jour ou l'autre finira par demander des comptes. Et enfin pour parler de terminologie et de qualificatifs, les mots entendus ces dernières semaines en disent long sur le ministre français de l'Intérieur et sa capacité à gérer sereinement une crise de société en utilisant des mots empruntés à un vocabulaire à coloration raciste. Le terme « racaille », à ma connaissance, n'a jamais été utilisé par un haut responsable français à l'occasion de troubles, de manifestations, de saccages dans n'importe quelle région de France ou d'outre-mer quand il s'agissait d'entités sociales autres que des minorités visibles. La langue française ne manque pas de mots pour qualifier les auteurs ainsi que les actes délictueux : délinquants, contrevenants, fauteurs de trouble, vandalisme. Le mot « racaille » a des relents coloniaux et je me souviens encore de l'époque où l'on traitait couramment les Arabes de « bicots », de « bougnoules » ou encore de « ratons », les juifs de « youpins » et les Noirs de « nègres ». Qui sait, peut-être que certains termes reviendront dans le langage si la situation perdure. J'ose croire que la France et les Français veulent vivre en harmonie avec ceux et celles que l'histoire a conduit en France et/ou qu'elle a été chercher en Afrique et au Maghreb pour des besoins économiques et de reconstruction. Alors positivons et disons-nous que la France a encore les moyens de sortir de cette impasse et qu'elle veut une société où tout le monde aura une chance de se faire une place au soleil. Et qu'elle veuille faire de la diversité une richesse et non un facteur de division.
Montréal, Québec
E-mail : [email protected]


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