La sécurité dans le Grand Sud et l'application du décret exécutif n°10-186 du 14 juillet 2010 fixant les conditions et les modalités de création et d'exploitation des agences de tourisme et de voyages ont été évoquées lors de la visite à Djanet, en ce mois de décembre, de Smaïn Mimoune, ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Djanet. De notre envoyé spécial Les responsables des agences de voyages ont clairement fait savoir au représentant du gouvernement que les dernières déclarations du Quai d'Orsay dans sa rubrique «Conseils aux voyageurs» sont «injustes et inappropriées». En effet, il est stipulé dans la dernière mise à jour du 7 octobre 2010 que «les régions les plus touristiques (Tamanrasset et Djanet notamment), qui redeviennent fréquentées avec la fin de l'été, présentent un risque croissant, notamment d'enlèvement de touristes par les groupes armés de la zone sahélienne». Or, il n'a été enregistré jusque-là aucun incident dans cette région, du moins sur le territoire algérien. Ce genre d'appréciation a eu des répercussions négatives et laisse supposer que le Sud algérien est infréquentable, d'autant plus que l'Algérie a un déficit d'image sur le plan touristique. D'ailleurs, le nombre de touristes est légèrement inférieur à la saison précédente. Pour montrer que ce jugement est excessif, les gérants d'agences de voyages citent la récente visite de deux jours de l'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, David D. Pearce, dans la wilaya de Tamanrasset, les 20 et 21 décembre 2010. «Un diplomate américain aurait-il pu s'aventurer dans cette zone si le risque d'insécurité était si élevé ?», s'interroge l'un d'eux. S'ils s'inquiètent autant, c'est parce que plus de 80% de la population de Djanet vit directement ou indirectement de tourisme. Une dépendance totale et à la moindre crise, cela ce fait sentir sur le chiffre d'affaires. 41 agences de voyages activent, et leurs propriétaires l'ont clairement souligné au ministre : «Le tourisme saharien a ses caractéristiques : c'est un tourisme saisonnier qui nous permet de travailler uniquement 6 mois et plus précisément 78 jours.» Les responsables d'agences ont aussi évoqué d'autres soucis : les formalités consulaires relatives au visa qui ne sont pas unifiées, la cherté du billet d'avion d'Air Algérie qui n'encourage pas le tourisme domestique, le manque de publicité dans les grands supports de presse nationaux et étrangers, l'achat des 4x4 qui ne sont pas «un produit de luxe mais un outil de travail» et la non-conformité de l'aéroport de Djanet aux normes mondiales. Revenant sur l'application du décret relatif aux agences qui a soulevé plusieurs questions, le ministre a affirmé : «Il vise à assurer une meilleure professionnalisation et une moralité. Il faut assainir le secteur des agences parasitaires émettrices seulement de billets. Nous voulons aller progressivement vers le réceptif. Et dans ce cadre, l'Office national du tourisme (ONT) doit jouer pleinement son rôle et cibler des marchés porteurs.» Décrypté, le message du ministre est le suivant : «On ne doit plus participer aux salons internationaux pour faire de la figuration. Il faut convaincre en s'appuyant sur des arguments et persuader, en jouant sur la corde de la sensibilité. Il faut revenir avec des carnets de commandes remplis et non avec de simples communiqués de presse…» Le ministre a aussi fait remarquer qu'il est temps de réviser certaines lois, comme celle relative aux zones d'expansion touristique (ZET) qui date de 2003 et qui vise à créer des effets d'entraînement positifs sur l'économie nationale. Elles sont implantées dans toute région ou étendue de territoire jouissant de qualités ou de particularités naturelles, culturelles, humaines et créatives propices au tourisme, se prêtant au développement d'une infrastructure touristique et pouvant être exploitées pour le développement d'au moins une, sinon plusieurs formes rentables de tourisme.