La toile magique de l'internet commence, peu à peu, à s'introduire dans les foyers algériens. Cette mine d'or de l'information est également le plus efficace moyen de communication. Selon les moyens et les intentions, à chacun son usage de cet outil, coûteux, mais ô combien salutaire dans une maison. Si les foyers connectés ne sont pas encore très nombreux, il est permis d'espérer une évolution très rapide et prometteuse, notamment grâce aux facilités d'acquisition d'ordinateurs. Après la connexion via les téléphones portables, l'internet vise l'espace familial. Certains ménages comptent des membres à l'étranger ; pour eux, le web rime avec cordon ombilical. « Mon fils est aux Etats-Unis depuis cinq ans, internet s'est imposé peu de temps après son départ », nous confie un père de famille de Ben Aknoun. « Au début, on communiquait par téléphone. Puis, on a installé un modem et tout a changé. Lui, il a placé une webcam et on se voit tous les jours. C'est comme s'il était dans la même pièce que nous. D'ailleurs, je connais parfaitement bien l'intérieur de son appartement, comme si j'y étais déjà allé », nous raconte-t-il. Pour lui, même si le porte-monnaie en souffre un peu, « c'est toujours beaucoup moins cher que le téléphone ». Internet, c'est magique : un abonnement annuel et la possibilité de communiquer avec son fils à tous les moments de la journée. « J'ai eu beaucoup de mal au début, je ne suis pas très doué avec les nouvelles technologies. Mais on s'habitue à tout », conclut-il. A quelques dizaines de kilomètres de là, à Bouzaréah, un autre foyer a intégré de nouvelles habitudes depuis une année. « L'internet s'est imposé à cause des enfants », nous expliquent les parents de deux enfants, un au collège, l'autre au lycée. « J'en avais marre de devoir potasser les bouquins, les dictionnaires et les encyclopédies pour les aider à faire leurs exposés. Comme ils en ont plusieurs par mois, leur père les a inscrit pour des cours d'informatique et on a installé internet à la maison. Maintenant, ils se débrouillent seuls pour faire leurs exposés », nous raconte la maman. Et au père d'ajouter : « Et moi, j'ai la possibilité d'envoyer mes courriers de la maison, je n'ai plus besoins de passer une heure chaque soir au cybercafé. » Du coup, tout le monde est content. Quoique la maman n'arrive pas encore à se servir du web. Elle compte évidemment sur ses enfants pour la guider. Le côté financier ne semble pas gêner cette petite famille qui a décidé de « serrer un peu la ceinture » pour avoir ce privilège particulièrement utile. Une autre famille, de Aïn Taya cette fois-ci, est connectée à la toile depuis plusieurs années. Le papa a cédé pour faire plaisir à ses enfants : « J'ai deux garçons de 15 et 17 ans qui passaient leur temps au cybercafé du quartier. Je leur ai installé un PC chacun dans sa chambre et j'avais choisi internet à la carte. Depuis six mois, on s'est mis à l'ADSL, ils sentent la différence. Dans peu de temps, je compte acheter un autre PC pour ma petite dernière pour qu'elle s'y habitue avant de lui brancher internet. » Sans trop les épier, ce papa essaye de contrôler le temps de connexion : « Pendant les vacances c'est quartier libre, mais durant l'année scolaire, ils ont droit à une heure par jour. Au début, ils étaient un peu accros, mais ils se sont habitués et il leur arrive de ne pas se connecter pendant plusieurs jours. » A la question de savoir ce qu'ils en font, il répond : « Ils utilisent le web pour faire des recherches quand ils ont un exposé, sinon, c'est pour garder le contact avec leurs cousins à l'étranger. J'essaye de leur enlever "la passion" des jeux en réseau, mais je n'obtiens pas de résultat ! »