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Elections au Soudan : Rendez-vous national, conséquences régionales
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Publié dans El Watan le 04 - 01 - 2011

L'accord de paix signé à Nairobi entre John Garang (APLS) et le vice-président, Ali Osmane Taha, représentant le gouvernement soudanais le 9 janvier 2005, prévoit un régime d'autonomie de 6 ans au Sud-Soudan.
A l'issue de cette période, un référendum d'autodétermination, prévu pour janvier 2011, sera organisé. Le 6 octobre 2010, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit inquiet sur la lenteur et le manque de progrès dans la préparation des référendums sur l'autodétermination du Sud-Soudan et le statut de la zone d'Abyei.
Un membre de la commission chargée de la préparation du référendum, M. Tarek Osman al-Taher va plus loin en déclarant qu'il ne reste pas assez de temps pour tenir le référendum. Une déclaration qui sonne comme une proposition de report des élections. Certain que la partition ne profitera qu'au Sud-Soudan, le président soudanais, Omar El Bechir, de son côté, adopte des positions incohérentes, voire parfois contradictoires. La tension entre les partisans de l'unité et les sécessionnistes, au Nord comme au Sud, va crescendo à l'approche des élections.Pourtant, qu'il s'agisse de report justifié ou de maintien souhaité, les enjeux du référendum, nationaux et régionaux, voire internationaux sont déterminants pour l'avenir du Soudan.
L'enjeu sécuritaire
La mise en œuvre de l'accord de paix de Nairobi constitue une garantie fondamentale de la fin de la guerre civile qui dura plus de vingt ans au Soudan. Les termes de l'accord sont de fait un espoir de paix et toute remise en cause ou report de son exécution sont de nature à déstabiliser davantage le pays déjà en proie à une situation sécuritaire fragile, eu égard aux affrontements au Darfour et à l'avenir incertain du président Omar El Bechir, objet d'un mandat d'arrêt international lancé à son encontre depuis le 4 mars 2009 par la CPI (Cour pénale internationale).
Les Sud-Soudanais, certains des résultats du scrutin consacrant l'indépendance pèsent de tout leur poids pour le maintien de la date du 9 janvier 2011. Le président Salva Kiir a d'ailleurs averti que la date du 9 janvier était «divine», que le non- respect des termes de l'accord de Nairobi pourrait engendrer un retour à la guerre et mener à un démembrement complet du pays, une façon de brandir la menace d'une déclaration unilatérale d'indépendance du Sud-Soudan. Les partisans de l'unité, quant à eux, prônent à demi-mot le report de la date du référendum, arguant le retard pris pour la constitution de la commission chargée d'organiser le référendum et le court délai restant pour le déroulement de celui-ci. La commission, dont la mise en place était prévue pour 2008, n'a vu le jour qu'en juin 2010, c'est-à-dire six mois avant les élections. Le désaccord Nord-Sud Soudan est d'une telle portée qu'une trentaine d'Etats tinrent une réunion consacrée au Soudan et au statut de la zone d'Abyei le 24 septembre 2010 au siège de l'ONU. La fermeté des Etats présents à la réunion, dont les Etats-Unis, contraignirent le gouvernement soudanais au respect de la date de la consultation populaire et à l'acceptation des résultats électoraux qui en découleront.
Un deuxième rendez-vous électoral prévu le même jour sur le statut de la zone d'Abyei aura un impact indubitable. L'issue de cette échéance, dont l'enjeu est le rattachement de la population de cette région riche en pétrole au Nord ou au Sud du Soudan, demeure inconnue. En effet, la population résidant dans la région et susceptible de participer au vote n'est pas encore clairement identifiée, à l'exception de la tribu sudiste des Dinka Ngok. D'ailleurs, le mouvement des nomades arabes vers la zone sensible d'Abyei a déjà provoqué une vive réaction de la part de Deng Arop kuol, administrateur en chef d'Abyei. Les négociations sur les critères d'éligibilité des électeurs pour le référendum de la zone d'Abyei semblent encore dans l'impasse.
Les enjeux économiques
En dépit de ressources naturelles appréciables, le Soudan est l'un des pays les plus pauvres au monde ; son indice de développement humain le classe à la 150e place.Le retour de la guerre, terreau de la misère, ne ferait qu'aggraver la situation du processus de paupérisation de la population déjà bien entamé, voire d'apparition d'une grave crise humanitaire, comme ce fut le cas en 2003 au Darfour. Le maintien des élections, condition nécessaire mais non suffisante d'une paix durable, doit être appuyé par une réponse appropriée et équitable à la question fondamentale de la répartition des recettes du pétrole. Découvert durant les années soixante-dix, l'exploitation du pétrole débuta en 1999.
Les réserves de pétrole du Soudan sont estimées à environ six milliards de barils et la production actuelle est de l'ordre de 460 000 barils de pétrole par jour. Toutefois, la répartition géographique des ressources pétrolières, dont une grande partie est située au Sud-Soudan ou à la lisière du Nord et du Sud et son moyen d'exportation effectué par des pipelines qui vont uniquement vers le Nord, sont à l'origine de vives tensions entre le Nord et le Sud. De plus, Juba, capitale du Sud, accuse Khartoum de ne pas verser les royalties sur le brut selon les termes convenus dans l'accord de paix de Nairobi. La question est d'autant plus cruciale que les revenus pétroliers constituent 90% des ressources en devises du Sud-Soudan. C'est donc de la réponse appropriée à la problématique du pétrole que dépendra la stabilité du Soudan ; dans l'hypothèse où les élections se tiendront.
La crise du Darfour
Le désir d'extension de la charia au Sud-Soudan, majoritairement chrétien et animiste avait été le facteur déclenchant de la guerre entre le Nord et le Sud du Soudan qui dura plus de vingt ans.Si la guerre Nord-Sud fut originairement basée sur le rejet de la charia islamique par le Sud majoritairement chrétien et animiste, tel n'est pas le cas au Darfour, qui lui, est majoritairement musulman. En effet, le conflit actuel au Darfour est davantage basé sur des tensions ethniques sur fond de conflits fonciers. Situé à l'ouest du Soudan, le Darfour est le théâtre d'un conflit armé entre différentes ethnies dites négro-africaines et des arabes nomades désireux de se sédentariser pour cause de raréfaction de l'eau sur leurs zones habituelles de pâturage.
Les ethnies sédentaires dont les principales sont les Four et les Zaghawas se sont vivement opposées à la venue guerrière des nomades d'origine ethnique différente. Des milices armées, les Djendjawid, se sont ainsi retrouvés envahisseurs de tout un territoire ancestral des tribus négro-africaines. Bien sûr, ce conflit récent est aussi étayé sur les frustrations des populations du Darfour exclues des projets de développement. Certains groupes rebelles étaient proches de partis politiques d'opposition quelques années avant l'explosion du conflit actuel. Une crise humanitaire sans précédent continue d'agrandir les plus grands camps de déplacés. On estime le nombre de victimes à plus de 300 000 et celui des déplacés à plus de 2 700 000.
La situation géographique, le passé belliqueux de la population et les enjeux économiques sont déjà potentiellement déstabilisants pour la région du Darfour, les déroutes pouvant naître des élections du 9 janvier 2011 pourraient faire office de catalyseur pour un nouveau génocide. Les facteurs aggravants de la crise du Darfour ne doivent cependant pas mettre sous le boisseau les enjeux fonciers des luttes. Des études empiriques, comme celles menées par Jérôme Tubiana, anthropologue, démontrent d'ailleurs que la remise en cause de la répartition territoriale héritée depuis l'ère précoloniale est l'accélérateur du conflit. Le non-respect des clauses de l'accord de 2005 serait interprété comme une volonté de Khartoum de gagner du temps pour gagner de la «terre».
A cet égard, Mme Hilary Clinton, secrétaire d'Etat américaine, a qualifié le référendum au Soudan de bombe à retardement.
Conclusion
Si la consultation du 9 janvier 2011 au Soudan intéresse quasiment toutes les puissances du monde, c'est qu'en vérité les enjeux dépassent le cadre national. La Chine d'abord, dont 80% de la production du pétrole Soudanais sont destinés à son marché local, voudrait maintenir le partenariat stratégique en dépit d'une hypothétique compétition américaine dans le cas de la partition. Future puissance régionale avec laquelle il faut désormais composer, la paix ne peut se construire qu'avec la Chine, et en dépit des alliances conjoncturelles adoptées jusque-là, marquées par un soutien militaire à Khartoum et un investissement massif au Sud, le moteur de l'économie mondiale finira par ranger ses intérêts vitaux basés sur la diversification des sources d'approvisionnement énergétique à l'étranger au-dessus de toute complaisance historico-politique.
Les Etats-Unis d'Amérique et Israël ensuite affirment leur soutien au Sud-Soudan, qui déclare à son tour déjà reconnaître l'Etat d'Israël. Cet attachement diplomatique est un atout majeur pour le déploiement stratégique de la politique régionale des Etats-Unis et de son allié Israël, le Sud-Soudan étant une porte vers l'Afrique subsaharienne. Les orientations stratégiques américaines en Afrique prirent de l'importance à partir des attentats du 11 septembre. En plus de ses choix en matière de garantie d'accès et de facilités aériennes et portuaires, de la contribution au développement de la démocratie et des droits de l'homme, du maintien d'une présence militaire à l'occasion d'entraînements, le Etats-Unis d'Amérique visent essentiellement à éviter que le Soudan, qui donna jadis asile à Ben Laden, ne devienne la base arrière du terrorisme et le pont entre les cellules actives du Sahel, avec celles d'Arabie et du Yémen.
Une relation privilégiée avec le Sud garantirait le contrôle du Nord soupçonné de dérive génocidaire, et aussi un moyen préventif contre toute tentative d'enrôlement terroriste. Le Nord soudanais, faut-il le rappeler, a servi par le passé de camp d'entraînement pour les troupes d'Oussama Ben Laden. L'indépendance du Sud-Soudan peut aussi servir de moyen, notamment pour Israël, de gage pour un meilleur contrôle des eaux du Nil traversant le Soudan du Sud au Nord. Le partage des eaux du Nil étant à ce jour régi par le traité signé en 1959 entre l'Egypte et le Soudan dans le cadre des travaux du barrage d'Assouan. Ce traité attribue près de 87% des eaux à l'Egypte et au Soudan. Le calcul basé sur un débit estimé à 85 milliards de mètres cubes à la hauteur d'Assouan, en attribue 55,6 à l'Egypte et 18,5 au Soudan.
Ce plan de partage est d'ores et déjà remis en cause par de nombreux pays traversés par le Nil dont l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda, et l'indépendance du Sud-Soudan ne fera qu'accélérer le processus de redistribution des eaux du Nil. Le rêve israélien d'accéder aux eaux du Nil verra, peut-être, alors le jour. Les pays riverains aussi, dont le Tchad, accueillant actuellement près de 240 000 réfugiés du Darfour, ne peuvent qu'être affectés par une nouvelle vague de violence d'une part, et par un éventuel mouvement de rébellion à visée indépendantiste d'autre part, comme le craint le président libyen, Mouammar El Kaddafi.
Il semble bien qu'en dépit des conditions épineuses de son déroulement, le maintien des élections d'autodétermination est moins déstabilisant pour le Soudan que son report. L'effort que devront consentir les belligérants soutenus par la communauté internationale est le seul garant du passage d'une fin de guerre à un début de construction d'une paix durable pour le Soudan et les pays voisins et dans une large mesure pour le reste du monde.


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