Des milliers de Sudistes sont descendus dans les rues de la capitale soudanaise, aussitôt confirmée la disparition du leader de la lutte sudiste depuis plus de 20 ans. Pour ses partisans, ce n'est pas un accident mais un assassinat, pour couper court au processus de normalisation arraché par Garang aux autorités de Khartoum. L'ex-rebelle sudiste était devenu premier vice-président du Soudan le 9 juillet 2005, après avoir accompli une longue marche des maquis du sud du pays au palais présidentiel de Khartoum. Chef incontesté du Sud animiste et chrétien, il était rentré à Khartoum début juillet pour la première fois depuis 22 ans, après avoir tourné la page de la plus longue guerre civile d'Afrique, en signant, en janvier à Nairobi, un accord de paix global avec le gouvernement d'Omar El Béchir, après des années d'affrontements, qui ont fait au moins 1,5 million de morts et plus de 4 millions de réfugiés. À l'issue d'une période de transition de six ans, les populations du Sud devraient se prononcer par référendum pour savoir si elles restent dans un Soudan uni ou proclament leur indépendance. Dans le cadre de la nouvelle constitution transitoire, qui prévoit des élections générales à mi-parcours, le Mouvement populaire de libération du Soudan (Mpls) s'est converti en parti politique et ses anciens guérilleros ont endossé leur nouveau costume d'hommes d'Etat, se délestant de leurs treillis militaires. Le président soudanais a affirmé que la mort de son vice-président John Garang renforçait sa détermination à poursuivre le processus de paix avec les ex-rebelles sudistes. Le Mouvement populaire de libération du Soudan de John Garang s'est, lui aussi, engagé à appliquer l'accord de paix signé avec Khartoum. Le problème est que Garang n'a pas laissé de dauphin et que les accords de paix prévoyaient notamment le partage du pouvoir et des richesses du sud du pays, riche en pétrole. Les populations du Sud bénéficieront d'un statut d'autonomie avant de s'exprimer par référendum sur l'unité avec le Soudan ou l'indépendance. Rumbek est même devenue la capitale du Sud. L'accord limite, en outre, l'application de la loi islamique aux seuls Etats du Nord. Ce que conteste l'ancien chef de gouvernement islamiste Tourabi, qui a refusé de participer au processus de réconciliation. L'Occident, qui a contraint Khartoum à trouver un arrangement avec son Sud, appelle les Soudanais à poursuivre le travail de Garang et à consolider le processus de paix. Le Soudan reste d'autant plus sur la poudrière qu'au Darfour la guerre continue. D. Bouatta De violentes émeutes ont éclaté, hier, à Khartoum, à la suite de l'annonce de la mort du chef sudiste John Garang dans un crash d'hélicoptère, lors de son retour d'Ouganda.