Consacrée par le nouveau code maritime algérien du 25 juin 1998 et les modifications apportées quelques années plus tard, l'ouverture de l'activité de transport de marchandises par navires ne tardera pas à se concrétiser. Une disposition de la loi de finances pour l'année 2011 vient même d'apporter une nouvelle dynamique à cette tendance vivement souhaitée par le gouvernement en exonérant l'achat de navires de transport de marchandises de la TVA. L'Algérie perd, en effet, chaque année environ 3 milliards de dollars au titre des coûts du fret des marchandises importées et des frais de surestaries facturés par des armateurs majoritairement étrangers. Outre la réduction des coûts de transport que des navires battant pavillon algériens pourraient garantir du fait de la modicité de leurs charges d'exploitation (prix bas du carburant, main-d'œuvre peu onéreuse, avantages divers dus aux navires nationaux etc.), le recours à des bateaux de droit algérien offre l'inestimable avantage pour permettre de régler les frais de surestaries en monnaie locale (dinar) et non pas en devises fortes, comme cela est exigé par les armateurs de navires étrangers. Même s'il est toujours en attente de certains textes d'application, le nouveau code maritime permettra, dès lors que la volonté politique sera manifeste, d'ouvrir au privé national et à ses éventuels partenaires étrangers l'ensemble des services de transport maritime (consignation de navires et cargaisons, courtage, etc.), parmi lesquels celui du transport de marchandises (fret). Interrogés sur la question, deux patrons de très grandes entreprises privées algériennes nous ont affirmé être prêts à investir rapidement dans l'acquisition de navires de transport de marchandises, tant les coûts du fret sont onéreux. Ils accapareraient, selon l'un d'eux, environ 12% du prix de revient de certains de leurs produits. Il nous a ainsi affirmé pouvoir amortir le prix d'achat d'un navire classique en moins de cinq années si, bien entendu, il trouve sur les quais algériens les conditions idéales de dédouanement et de manutention (déchargement et chargement). Tous deux estiment ne pas comprendre pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour permettre à des Algériens de posséder des navires marchands, alors qu'il est possible pour les Algériens de posséder de gros semi-remorques qui sont, tout comme les bateaux, de gros moyens de transport de marchandises.