Jamais auparavant les salles des fêtes de Constantine et de sa périphérie n'ont été sollicitées comme lors de la présente saison estivale. Mariages, fiançailles, circoncisions mais aussi célébration de succès professionnels, universitaires ou scolaires et autres « ouâadat » (promesses engageant l'honneur d'une personne de procéder à une contrepartie, adressées aux saints protecteurs en cas de succès d'une quelconque tentative bénéfique, comme il est de coutume) ont investi ce créneau qui, en fin de compte, rapporte gros, très gros même. Et ce, si l'on en croit les propos fort éblouissants d'un gérant d'une des salles les plus prisées de la région qui a voulu garder l'anonymat. « Depuis la mi-juin, nous avons, mon associé et moi-même, glané pas moins de 3,5 millions de dinars nets d'impôts. Notre chiffre d'affaires est appelé à s'améliorer ; car la haute saison bat toujours son plein et ira crescendo jusqu'à la mi-septembre et même au-delà », nous a-t-il signifié lors d'un entretien qu'il nous a accordé dernièrement. « Adieu galère » Il faut reconnaître que l'aire des réceptions qu'il manage est d'un fort bel allant : spacieuse, climatisée, verdoyante aux proches alentours, sécurisée, et disposant d'un service impeccablement agencé et d'un immense parking à proximité. « Nous pouvons même mettre à la disposition des usagers qui en expriment le désir notre disc-jockey maison qui dispose, à cet effet, d'une sono d'enfer », nous précise-t-il avant d'ajouter d'un air qui se voulait acolyte : « Nos hôtes peuvent venir chez nous les mains dans les poches pour peu qu'ils disposent du budget nécessaire. » En effet, pour 48 000 DA l'après-midi, 52 000 DA la soirée (durant le week-end ou les jours ouvrables de la semaine), ce qui n'est pas donné pourrions-nous dire, l'on dispose de la vaisselle, du mobilier et de tous les extras proportionnellement au nombre d'invités. Ajoutez 5000 DA le DJ en diurne ou 9000 DA en nocturne. A ce prix-là, « adieu galère, tâches ménagères harassantes, étroitesse des lieux et promiscuité source de jaillissement de mauvais sortilège et bonjour la vraie détente et l'éclatement pour se défouler de toutes les tensions accumulées depuis des lustres », dixit la belle-sœur de la jeune mariée qui fêtait sa nuit de noces cette soirée-là. Le filon Que ce soit en ville, dans les faubourgs ou dans les banlieues périphériques du Vieux-Rocher, ce filon est actuellement exploité de manière indéniablement honteuse. Pour peu qu'ils disposent d'un garage spacieux, d'un vaste dépôt, d'une aire attenante étendue ou d'un terrain à bâtir aux commodités convertibles de suite, des particuliers véreux, véritables suceurs de sang, se recyclent le temps de la saison des fêtes en bailleurs de fonds pour l'écrasante majorité des citoyens que l'étroitesse des cages à poules qui leur font figure de logements oblige à solliciter les services. Les prestations que fournissent alors ces « fêtards » sur le retour sont d'une indigence scandaleuse : mobilier obsolète et brinquebalant dispensé au compte-gouttes, serveurs vêtus de tenues douteuses draguant la gent féminine plus qu'ils ne prodiguent un quelconque service, température environnante surchauffée, absence d'aire de stationnement, saleté des lieux décelable à vue d'œil, le tout avec en prime une arrogance frisant parfois l'insolence et l'effronterie réunies. Tarifs appliqués : entre 30 000 DA et 45 000 DA, selon les tranches horaires, rien que cela ! Ajoutons, à la fin, que depuis qu'une note ministérielle émanant du ministre de l'Education nationale en personne est venue fixer un terme définitif à l'exploitation éhontée des établissements scolaires tous paliers confondus pendant la saison de ce genre de festivités, les tensions sur les salles des fêtes n'ont fait que s'amplifier. Néanmoins et à l'allure où semble évoluer la situation ambiante, les gérants des salles des fêtes ont un avenir des plus radieux devant eux. Pourvu qu'ils en améliorent les prestations.