Paradoxe n Synonymes de détente et de loisirs, les vacances d?été, à Constantine, sont, a contrario, une période de fuite vers des horizons plus cléments. L?animation culturelle est quasi absente, les structures concernées étant, dans l'antique Cirta, en veilleuse, sinon carrément closes. Les festivals et manifestations culturelles qui, habituellement, mettaient de l'ambiance dans la ville brillent, cette année, par leur absence. La direction de wilaya de la culture attribue ce marasme au manque d'initiative de la part des autorités locales qui «n?auraient prévu aucun investissement pour ce volet». La commission culturelle communale se limite, pour sa part, à l'organisation de soirées musicales dans les quartiers, animées par des groupes locaux. Leur impact «demeure limité» et ces activités sont «passées inaperçues». Une situation pour le moins paradoxale lorsque l?on considère les efforts déployés dans l?animation des villes côtières, déjà gâtées par la nature. Constantine n'avait que l?animation culturelle pour adoucir ses étés caniculaires. Cette année, ces manifestations sont absentes, dans cette ville que certains continuent de considérer comme la capitale culturelle de l?Algérie. Les citoyens se rabattent ainsi sur les programmes des différentes chaînes de télévision, pour meubler les veillées estivales familiales. Les jeunes recourent à divers jeux ou à de longues discussions pour meubler leurs veillées. Les femmes ont, quant à elles, trouvé de quoi occuper et marquer les grandes vacances, en célébrant, à grands frais, les réussites scolaires des enfants. Le hic dans ces fêtes «nouvelle mode», c?est que ce sont les enfants qui réussissent, mais que, les hommes étant exclus et les jeunes bien minoritaires, ce sont les femmes qui font la fête. Les réussites au baccalauréat, au BEF et même à l?examen de sixième sont, aujourd?hui, fêtées avec autant sinon plus de faste que les mariages, fiançailles et autres circoncisions. Les familles modestes se croient obligées de sauver les apparences et justifient leur façon de faire comme tout le monde pour ne pas casser le moral de leur enfant. Car aujourd?hui, ne pas fêter sa réussite scolaire c?est comme ne pas fêter son mariage, un fait socialement dévalorisant pour le lauréat comme pour sa famille. Cependant les diplômes universitaires, même les plus brillants, ne sont pas encore inscrits dans le répertoire des fêtes familiales obligatoires, pour le moment du moins.