Les étudiants de l'université de Bouzaréah tentent de structurer le mouvement de révolte mené par des jeunes des quartiers populaires depuis quelques jours. Initié par l'association Nedjema, un rassemblement a été tenu hier, à l'université de Bouzaréah afin de discuter des actions à entreprendre prochainement. Les membres de l'association Nedjema veulent faire la jonction entre le mouvement estudiantin et celui des jeunes des quartiers populaires. A l'issue de ce rassemblement, les étudiants ont opté pour une journée de grève qui sera observée mardi prochain. Ils se sont entendus également sur la nécessité de la tenue d'un autre rassemblement aujourd'hui, au niveau de l'université de Bouzaréah, afin d'échanger leurs avis sur toutes les questions qui préoccupent la société algérienne. Une marche pacifique reste l'objectif des membres de l'association Nedjema, qui comptent mobiliser les étudiants pour être à l'avant-garde de la société. «On a pas encore opté pour cette marche parce qu'on n'a pas encore mesuré la réalité du terrain», a affirmé Farid Hadj Mohand, «militant» de l'association Nedjema. Les initiateurs de ce mouvement estudiantin se démarquent à la fois de ceux qui qualifient les émeutiers de délinquants et de ceux qui parlent de la manipulation. Les étudiants visent, d'une part, à exprimer leur solidarité avec les jeunes qui sortent dans la rue quotidiennement. D'autre part, certains intervenants veulent orienter les émeutes, qu'ils qualifient de «mouvement de révolte», vers les revendications réelles de la population, à savoir la détérioration des conditions de vie des différentes franges sociales. «Nous disons mouvement de révolte et non pas émeute. Il y a des conditions objectives qui ont poussé les jeunes des quartiers populaires à sortir dans la rue. Nous ne les condamnons pas. Mais nous les appelons à s'organiser», a lancé Farid Hadj Mohand, membre de l'association Nedjema, qui dit n'appartenir à aucune formation politique. «Nous soutenons tous les mouvements populaires autonomes», a-t-il insisté. C'est pourquoi «nous lançons un appel à tous les travailleurs et syndicats qui les représentent pour qu'ils s'organisent. C'est de cette façon que nous réussirons à expliquer la nature de la crise et contrecarrer la propagande du discours officiel», a glosé cet étudiant en lettres françaises. Questionné au sujet de la participation des autres organisations estudiantines –UGEL, UNEA et UNJA – cet universitaire estime que ces organisations représentent les trois partis de l'Alliance présidentielle. De ce fait, elles n'ont aucune marge de liberté d'action. L'association Nedjema a, pour rappel, été créée durant les événements de 2001. «Elle a des penchants de gauche et a soutenu tous les mouvements autonomes», a précisé Farid Hadj Mohand.