Les deux otages français enlevés vendredi dernier à Niamey ont été tués moins de 24 heures plus tard à l'issue d'une opération de libération menée par un commando franco-nigérien, à la frontière avec le Mali. Pour la seconde fois, l'intervention militaire française au Sahel s'achève par une bavure. Les deux otages français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés de 25 ans, enlevés vendredi dernier à Niamey, la capitale nigérienne, ont été tués moins de 24 heures plus tard à l'issue d'une opération menée par un commando franco-nigérien à la frontière avec le Mali, visant à les libérer. En juillet 2010, les troupes françaises, avec l'aide de militaires mauritaniens, avaient tenté de libérer l'humaniste Michel Germaneau, détenu par Al Qaîda sur le sol malien. Résultat : des pertes dans les rangs des civils et la mort de l'otage. Vendredi dernier, quelques heures seulement après l'enlèvement par quatre hommes armés, enturbannés et parlant arabe, des deux Français alors qu'ils dînaient dans le bar-restaurant Le Toulousain, au centre-ville de Niamey, les services de renseignement militaire de leur pays, présents en force dans la région, étaient déjà sur une piste. Repérés, les ravisseurs ont été pris en chasse jusqu'à la frontière avec le Mali, où une tentative de libération des captifs a été engagée, en collaboration avec les Nigériens. L'affrontement armé n'a pas duré longtemps, mais a causé la mort des deux otages. Aucune nouvelle des ravisseurs qui, selon nos sources, auraient rejoint le nord du Mali. La partie française, par la voix du porte-parole du ministère de la Défense, rejette la bavure et préfère parler d'exécution d'otages, comme ce fut le cas du défunt Germaneau. «Alors qu'ils se trouvaient dans la zone frontalière, l'opération engagée, coordonnée avec des éléments français présents dans la région, a permis à ces derniers d'intercepter les terroristes à la frontière avec le Mali et de neutraliser certains d'entre eux (…). Les militaires français, présents dans la région à cause de la présence d'autres otages, sont intervenus pour appuyer les forces nigériennes et empêcher les ravisseurs d'atteindre une zone de refuge», est-il expliqué dans le communiqué officiel. «L'objectif était d'intercepter les ravisseurs avant qu'ils ne parviennent à franchir la frontière avec le Mali, à quelque 200 km au nord de Niamey, et disparaissent dans des zones désertiques trop vastes pour être contrôlables.» L'opération est alors rapidement coordonnée avec des éléments français présents dans la région. «La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer», souligne l'état-major. «A partir de là, on ne les a plus lâchés (…). Les ravisseurs tentaient de gagner une zone refuge un peu plus au nord du Mali, où la situation serait devenue extrêmement sensible pour les otages.» Les ravisseurs se sont accrochés une première fois avec les militaires nigériens, à quelques centaines de kilomètres de Niamey. Des pertes sont enregistrées dans les rangs de la garde nationale. Un commando français entre en jeu et prend le commandement de l'opération, menée non loin de la frontière malienne. Là aussi, des blessés sont à déplorer. Même si, pour l'instant, de nombreuses sources affirment qu'il n'y a pas eu de pertes dans les rangs des ravisseurs. Paris parle de «plusieurs terroristes neutralisés», «des tués et des blessés», sans pour autant donner des détails. En tout état de cause, il est important de préciser que c'est la première fois que des otages sont enlevés dans un périmètre aussi lointain (1800 km) de la zone d'action des terroristes d'Al Qaîda. Habituellement, les enlèvements ont lieu au nord du Mali, du Niger et de la Mauritanie, où se côtoient trafiquants de drogue, contrebandiers et terroristes. Il est à craindre que la tentative de libération des deux derniers otages puisse peser sur le sort des sept captifs d'Al Qaîda, dont 5 Français, enlevés sur la base de la société Aréva, à Arlit, au nord du Niger, il y a près de trois mois. Ces derniers font l'objet de négociations entre Abou Zeid (le chef des ravisseurs affiliés à Al Qaîda) et les autorités françaises par l'intermédiaire de notables du nord du Mali et de personnalités proches de la présidence malienne. Selon des sources locales, ils sont à chaque fois déplacés d'une localité à une autre pour éviter toute opération visant à les libérer.