La venue, au port d'Arzew, d'un remorqueur égyptien a déclenché l'ire des travailleurs de l'Entreprise portuaire d'Arzew (EPA) qui ont observé en une semaine deux sit-in pour protester contre ce qu'ils qualifient de « tentative de déstructuration de leur activité ». En effet, la Société de gestion et d'exploitation des terminaux à hydrocarbures, par abréviation STH- créée en juin 2004 après la restructuration des activités portuaires, dont le capital est détenu à hauteur de 60% par Sonatrach, 20% par l'Entreprise portuaire d'Arzew, 15% par le port de Skikda et enfin 5% des actions détenues par le port de Béjaïa - a fait appel à un remorqueur égyptien pour amarrer un navire au SPM (single point moving), une sorte de bouée de chargement des gros tankers (320 000 t et plus), au large du port. Pour information, il existe cinq bouées à travers les côtes algériennes, dont deux à Arzew, deux à Skikda et une à Béjaïa. Cette opération consiste, selon des informations recueillies auprès de l'EPA, « à vidanger et récupérer les résidus d'hydrocarbures contenus dans les canalisations des bras de chargement ». Mais il semblerait que « le navire en question, après quatre jours de tentatives sans succès, s'est finalement résigné à rejoindre le large ». Pour le partenaire social, « ce recours à un opérateur étranger est le signe que la STH peut à terme recourir à ce type de prestations qui mettra fin inéluctablement à l'exploitation du port d'Arzew et même des autres ports du pays ». Car, ajoutera le secrétaire général du syndicat d'entreprise de l'EPA : « Il y a, à peine quelques jours, le directeur central des ports au niveau du ministère des Transports a saisi l'administration portuaire pour signer et appliquer la nouvelle convention de concession au profit de la STH. Quelle fut notre surprise de lire que la convention, élaborée sans la présence du partenaire social, stipule clairement que la STH est aussi chargée, outre le dragage des ports, l'électricité et les bras de chargement, de l'amarrage, du remorquage et du pilotage. » Il se trouve, ajoutera notre interlocuteur, que « cette activité représente 95% du chiffre d'affaires de notre entreprise. Rien n'empêche, dans un proche avenir, la STH de recourir à d'autres partenaires étrangers pour effectuer les opérations qui font l'essence même de l'EPA ». Un autre point soulevé par le collectif des travailleurs concerne « l'avenir des travailleurs de la manutention qui sont les véritables laissés-pour-compte dans cette histoire ». Cette situation intervient au moment où l'EPA a consenti d'énormes investissements, notamment l'acquisition de treize remorqueurs, deux vedettes et d'une bâche antipollution. Cela étant dit, les travailleurs de l'EPA revendiquent l'amendement de la convention de concession et à laquelle ils participeraient à l'élaboration. En tout état de cause, le collectif des travailleurs de l'EP Arzew attend les résultats qui découleraient de la réunion qui s'est tenue, hier, au ministère des Transports et à laquelle leur PDG a pris part. Entre temps, des actions sont en cours de préparation, notamment la tenue, demain, en urgence d'une conférence des cadres organisée par l'union locale UGTA d'Arzew et une rencontre à Alger, le 29 novembre en cours, de la coordination nationale des ports pour, croit-on savoir, « se déterminer et se démarquer officiellement », car, selon notre interlocuteur, « ce recours à un prestataire étranger n'est qu'un ballon sonde, mais au fond, c'est toute l'activité portuaire au niveau national qui est ciblée ».