Les travailleurs de l'Entreprise portuaire d'Arzew (EPA) ont observé, hier, à l'intérieur de l'enceinte portuaire une journée de protestation suite à l'appel de la coordination nationale des ports réunie, les 16 et 17 mai à Ghazaouet. Cette journée de mobilisation et de protestation, qui a paralysé le port commercial et les terminaux à hydrocarbures, est, selon le SG du syndicat d'entreprise de l'EPA, « un avertissement à l'encontre du ministre des Transports et des pouvoirs publics quant à leur tentative de concession et de délestage des ports ». Cette journée de protestation, certes inscrite dans une dynamique de protestation nationale, mais aussi notamment pour ce qui est du port d'Arzew, se veut aussi une action de mobilisation contre « la concurrence déloyale à laquelle ils sont confrontés ». En effet, au mois de mars dernier, la venue au port d'Arzew d'un remorqueur égyptien a déclenché l'ire des travailleurs de l'entreprise qui ont observé, en une semaine, deux sit-in pour protester contre ce qu'ils qualifient toujours de « tentative de déstructuration de leur activité ». La société de gestion et d'exploitation des terminaux à hydrocarbures par abréviation (STH), créée en juin 2004 après la restructuration des activités portuaires et dont le capital est détenu à hauteur de 60% par Sonatrach, 20% par l'entreprise portuaire d'Arzew, 15% par le port de Skikda et enfin 5% des actions détenues par le port de Béjaïa, a fait appel à un remorqueur égyptien pour amarrer un navire au single point moving (SPM) une sorte de bouée offshore de chargement des gros tankers (320 000 t et plus au large du port. Pour information, il existe cinq bouées à travers les côtes algériennes, dont deux à Arzew, deux à Skikda et une à Béjaïa. Cette opération consiste, selon des informations recueillies auprès de l'EPA, « à vidanger et à récupérer les résidus d'hydrocarbures contenus dans les canalisations des bras de chargement ». Mais il semble que « le navire en question, après quatre jours de tentatives sans succès s'est finalement résigné à rejoindre le large ». Pour le partenaire social, « ce recours à un opérateur étranger est le signe que la STH peut à terme recourir à ce type de prestations qui mettra fin inéluctablement à l'exploitation du port d'Arzew et même des autres ports du pays ». Ceci dit, pour le SG du syndicat d'entreprise de l'EPA : « Actuellement, même après la création de la STH, nous faisons tout le travail et au moment de la facturation de nos prestations, l'EPA reverse 30% du coût global des prestations à la STH ? » L'on saura par ailleurs que la convention, élaborée sans la présence du partenaire social, stipule clairement que « la STH est aussi chargée, outre le dragage des ports, de l'électricité et des bras de chargement, de l'amarrage, du remorquage et du pilotage des navires ». Il se trouve, ajoutera notre source, que « cette activité représente 95% du chiffre d'affaires de notre entreprise. Rien n'empêche, dans un proche avenir, la STH de recourir à d'autres partenaires étrangers pour effectuer les opérations qui font l'essence même de l'EPA. » Un autre point soulevé par le collectif des travailleurs concerne « l'avenir des travailleurs de la manutention qui sont les véritables laissés-pour-compte dans cette histoire ». Cette situation intervient au moment où l'EPA, qui représente 70% des exportations nationales en hydrocarbures, a consenti 600 milliards de centimes, notamment pour l'acquisition de 13 remorqueurs, deux vedettes et d'une bâche antipollution. En tout état de cause, le collectif des travailleurs de l'EP Arzew reste convaincu que le « recours à un prestataire étranger n'est qu'un ballon sonde, mais au fond c'est toute l'activité portuaire au niveau national qui est ciblée ». Les travailleurs de l'un des plus importants ports d'exportation d'hydrocarbures du pays se disent mobilisés pour, en cas de fin de non-recevoir des pouvoirs publics, envisager d'autres formes de protestation pouvant aller jusqu'à la paralysie totale des enceintes portuaires.