A quelques encablures de l'ouverture officielle des élections partielles en Kabylie, c'est apparemment le FFS qui semble le mieux placé pour rafler la mise. Les sondages d'opinion qui ont été faits à ce sujet donnent, en effet, le parti d'Aït Ahmed en pole position dans cette compétition électorale où, pourtant, la concurrence ne fait pas défaut. Avec le RCD qui évolue sur un terrain favorable, le FLN ambitionnant fortement de s'implanter dans une région qui lui a toujours tourné le dos, le RND qui rêve d'une conquête aux accents très symboliques pour Ouyahia, et les partis islamistes qui pensent que le moment est propice pour « désenclaver » politiquement la Kabylie, l'épreuve s'est avérée on ne peut plus ouverte. La dualité FFS-RCD, qui passait pour être la dominante essentielle des débats, a été de toute évidence battue en brèche par les nouvelles tendances apparues dans le sillage des luttes fratricides que se sont livrées le Front et le Rassemblement, et qui n'ont pas cessé de plaider pour un rééquilibrage des forces en présence, plutôt pour une redistribution des cartes dans un environnement qui s'est jusque-là suffi à lui-même. En d'autres termes, en ligne de mire depuis longtemps pour sa dynamique de contestation, la Kabylie ne pouvait plus, aux yeux du pouvoir central, conserver sa liberté d'action par rapport au reste du pays et demeurer, par conséquent, sous l'influence de deux partis considérés comme les dépositaires exclusifs de la représentativité de la région. Au-delà des frictions qui agitent le FFS et le RCD pour un leadership souvent mal placé compte tenu des enjeux, la bataille menée par les autorités officielles a tourné autour de cet objectif capital. Il fallait atomiser une telle dépendance en saisissant le moindre prétexte. L'opération « archs » n'ayant pas répondu à toutes les prévisions, à tous les calculs politiques, il va sans dire que ces partielles offrent une belle opportunité aux tenants du pouvoir pour normaliser la situation en Kabylie. Une normalisation qui n'aura, cependant, aucun sens si l'échiquier politique reste en l'état. C'est dans cette optique que se place la grande offensive du FLN, et à un degré moindre celle du RND qui savent que sans une présence significative en Kabylie, leur crédibilité nationale en souffrira. Entre les deux partis au pouvoir, il y a une collusion d'intérêts qui n'est pas difficile à décrypter. Belkhadem et Ouyahia s'associent pour faire tomber les représentants traditionnels de la Kabylie, et évidemment instaurer une autre politique dans la région. Ce n'est pas le cas des frères ennemis qui continuent de s'entredéchirer dans une conjoncture où leur propre sort est en jeu. Avec une majorité FLN-RND, le FFS et le RCD laisseront des plumes même si les partisants d'Aït Ahmed auront, davantage que leurs rivaux, la certitude de gagner un nombre important de communes, qui ressemblerait alors à une victoire de prestige plus qu'à un positionnement politique. Le FFS, il faut le souligner, est encore solidement implanté en Kabylie en raison surtout de sa constance et de son opposition au pouvoir. La campagne qu'il a menée pour ces partielles confirme sa crédibilité, mais amoindrir en même temps le RCD pour rester en tête l'aidera-t-il vraiment dans sa démarche future ?