Evoquer les repas des cantines, c'est généralement faire allusion à une nourriture de qualité médiocre. Rares sont les établissements scolaires qui peuvent se targuer d'offrir à leurs élèves un repas digne de ce nom. La même situation prévaut dans toutes les cantines que nous avons visitées. Dans des conditions d'hygiène à la limite de l'insalubrité, se préparent des repas tout juste acceptables. Si l'objectif principal des cantines scolaires est d'assurer un complément nutritif aux enfants issus de milieux défavorisés, on peut, sans risque de nous tromper, affirmer que la plupart d'entre elles est encore loin du but. Les repas servis se résument souvent à un mélange peu appétissant que les élèves repoussent sans y avoir touché. Les chefs d'établissements qui gèrent ces restaurants se défendent en invoquant l'insuffisance de moyens que leur octroie l'Etat. «Avec le coût actuel de la vie, nous devons user de toute une gymnastique pour gérer un budget limité à 30 dinars par enfant. A ce prix, il est difficile de parler de repas de qualité», affirme un directeur d'école primaire qui se plaint aussi du manque de personnel qualifié : «nous confions les cuisines à des agents recrutés dans la cadre de l'IAIG, sans aucune relation avec la fonction de cuisinier. Certains d'entre eux n'ont jamais touché aux fourneaux avant leur recrutement». Du coup c'est la qualité des repas qui en pâtit. Certains directeurs, absorbés par les calculs d'épicier, en arrivent à négliger le volet pédagogique », font remarquer des enseignants. Quant aux menus, visés par des médecins généralistes faute de nutritionnistes, ils ne répondent pas toujours, pour ne pas dire jamais, aux normes et exigences en la matière. Pourtant, la restauration scolaire, telle que conçue à l'origine, doit être une action à caractère social en direction des enfants démunis. Ces derniers doivent bénéficier de l'équilibre alimentaire et de l'éducation au goût. En plus de son développement physique, l'enfant bénéficiant de repas équilibrés devrait normalement améliorer ses résultats scolaires. Les responsables ne cachent pas leur satisfaction quant «à faire bénéficier du repas tous les élèves de l'établissement», mais ils prennent soin de ne pas révéler qu'au lieu d'un repas complet, les élèves n'auront finalement droit qu'à un déjeuner approximatif. De ce fait, la plupart du temps, les enfants se contentent d'un quignon de pain accompagné d'un œuf dur ou d'une portion de fromage en guise de repas.