Près d'un millier d'étudiants ont marché, hier, dans la ville de Béjaïa, pour tenter de «donner un sens politique» à la contestation populaire qui a ébranlé le pays, depuis près d'une semaine. La marche s'est voulue résolument pacifique. Le dispositif policier s'est fait très discret. Aucun incident n'a émaillé cette manifestation. Il est 11h quand la procession humaine s'est ébranlée du campus universitaire Targa Ouzamour en direction du siège de la wilaya. Sur les larges banderoles déployées, les slogans ont pris un relief éminemment politique. «L'Algérie a besoin de changer de régime», lit-on sur l'une des banderoles. Dans le cortège des marcheurs, figurent des élus, des syndicalistes mais aussi des enseignants et des militants de diverses obédiences politiques. «La crise ne se réduit pas à la cherté du sucre. Nous ne sommes pas des tubes digestifs», dit un étudiant à la tête du premier carré des marcheurs. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. «Non au verrouillage du champs politique, non à la restriction des libertés individuelles et collectives», criait la foule. Un rassemblement a été observé en face du siège de la wilaya. Dans une prise de parole, un des étudiants qui se sont constitués en «un comité de crise de l'université de Béjaïa», dénonce «la tentative du pouvoir de minimiser la nature de la crise en la réduisant à la seule hausse des prix de l'huile et du sucre». «Les émeutes sont l'expression d'une révolte d'une jeunesse qui veut crier son marasme et son désespoir», affirme un étudiant. «Le chômage, la précarité, la harga, figurent dans le bilan du pouvoir en place», crie un autre étudiant. Un enseignant qui a également pris la parole a déploré l'absence de canaux d'expression dans le pays. Peu avant midi, la foule s'est dispersée dans le calme.