Dans la nuit d'hier, 20 étudiants ont été relâchés et laissés en liberté provisoire. Des milliers d'étudiants et d'étudiantes de la faculté des sciences politiques et de l'information ont observé, hier, une marche et plusieurs sit-in à l'intérieur de l'enceinte universitaire, pour réclamer la libération de leurs camarades arrêtés, dont Merzouk Hamitouche, détenu à la prison d'El- Harrach. “Libérez les étudiants !”, “À bas la répression”, “Nous voulons un minimum de droits” : tels ont été les principaux slogans clamés par les contestataires, accompagnés par quelques chants patriotiques. Pourtant, d'autres étudiants, pour la plupart des externes, ont rejoint normalement leur institut, sous le regard des policiers en tenue et en civil, sans s'approcher de leurs camarades grévistes. “On a fait croire à certains étudiants que le problème est kabyle, car l'étudiant emprisonné est de la Kabylie. Le problème concerne pourtant tout le monde”, a tenté d'expliquer une étudiante. Pour le gros des manifestants, la question de la solidarité demeure liée à un “niveau de conscience” des étudiants et des enseignants, ainsi qu'aux “intimidations”, lancées par des responsables de l'administration, notamment les chefs de département des sciences politiques et de l'information. D'aucuns ont même parlé d'une liste d'une quinzaine d'étudiants, menacés d'exclusion. “Depuis l'arrestation de Hamitouche, le 13 décembre dernier, nous avons fait un travail d'information et de sensibilisation, pour exiger sa libération et protéger 5 autres étudiants sous le coup d'un mandat d'arrêt. Les 9 et 10 janvier, nous avons collecté 3 000 signatures et une trentaine de témoignages d'étudiants. Le dimanche 9 janvier, nous avons organisé une assemblée générale, qui a réuni plus de 500 étudiants et qui a décidé d'une grève illimitée et pacifique à partir du 10 janvier”, a indiqué un membre du collectif autonome des étudiants d'Alger. Selon lui, deux plates-formes de revendications ont été transmises au doyen de la faculté, l'une l'année passée et l'autre à la rentrée universitaire 2004-2005. “20 étudiants ont été libérés, mais ils peuvent être rappelés à n'importe quel moment. Tout ce que nous demandons, c'est de libérer tous les étudiants, de lever les mandats de dépôt des 2 étudiants restants et d'arrêter les violations des franchises universitaires. Nous sommes pour le dialogue, mais nous demandons un vrai dialogue avec la tutelle et les responsables de l'université d'Alger, pour régler les problèmes sociopédagogiques”, a-t-il ajouté. À 11h27, l'étudiant qui venait de nous parler a été arrêté par deux policiers. Ces derniers ont refusé de faire des commentaires, malgré notre insistance. “Moi aussi, je risque d'être arrêté, je suis porté sur la liste… Je vais entrer à l'intérieur de la fac”, a annoncé un jeune étudiant, également membre du collectif autonome, en se précipitant du côté du portail. À ce moment précis, un policier en civil s'est approché du photographe de Liberté et lui a confisqué son appareil photo. “Vous n'avez pas le droit de filmer le dispositif policier”, a été son seul argument. Près d'une dizaine de minutes après, l'appareil a été restitué au photographe, après que les photos incriminées furent effacées. “Vous voyez ! Quand nous sollicitons le doyen ou un autre responsable, ils nous envoient la police et nous poussent à agir de cette manière”, a déclaré un étudiant sur un ton coléreux, avant de rejoindre ses camarades rassemblés tout près du portail de la fac. Il sera relayé cette fois par une étudiante de 4e année de journalisme. “Il y a des étudiants qui paient pour avoir de bonnes notes. Pourquoi ne juge-t-on pas ces étudiants et ceux qui les ont encouragés ? Pourquoi ne demande-t-on pas de comptes aux gestionnaires qui n'ont installé ni restau ni foyer?”, s'est-elle interrogée, en assumant plus loin son “adhésion” au mouvement de contestation estudiantine. H. A.