Le président du tribunal d'Alger devra entendre, aujourd'hui, les avocats des officiers de la marine marchande et ceux de leur employeur, l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), à propos de la légalité de la grève observée par les officiers durant dix jours (du 26 juin au 6 juillet 2004). Le président du tribunal est appelé à se prononcer sur l'appel introduit par le Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMMAR) suite à l'ordonnance en référé du 4 juillet prononçant l'arrêt de la grève et son illégalité. Son verdict sera rendu la semaine prochaine. « Nous sommes confiants dans la justice de notre pays et espérons un verdict qui consacre le libre exercice du droit de grève et qui rétablisse le droit syndical arraché de haute lutte par les travailleurs de notre pays », considère le SNOMMAR dans une déclaration remise hier à la presse, lors d'une conférence de presse animée par son président, M. Zermoun. L'organisation syndicale autonome estime que la justice a été induite en erreur dans ce conflit : « La direction générale de l'ENTMV a motivé sa plainte en référé afin de suspendre la grève, le 4 juillet, par le fait qu'une action en pénal était en cours contre des syndicalistes. C'est faux ! L'action en pénal a de fait été introduite le 12 juillet. Avant cela, il n'y avait que l'intention. » En attendant le verdict du tribunal de Sidi M'hamed, des dizaines d'officiers demeurent suspendus de leurs fonctions, sans salaire depuis deux mois. La direction de l'entreprise continue de considérer comme grévistes uniquement les officiers ayant refusé d'embarquer durant les dix jours de grève. Un traitement non appliqué à leurs collègues, également grévistes, sauf que le programme d'embarquement voulait qu'ils fussent à terre à cette époque (les dix jours de grève). Le programme de l'ENTMV prévoit, en effet, trois semaines de congé après chaque mois de travail. « La disponibilité des membres du SNOMMAR d'aller vers un apaisement n'a pas débouché sur des solutions négociées. La volonté d'aller vers le pourrissement estmanifeste », regrette, dans sa déclaration, le syndicat qui se dit victime d'un « plan programmé de destruction » en raison de sa large représentativité. « 22 officiers du SNOMMAR se sont présentés, le 9 août, en compagnie de leur avocat, devant la commission de discipline paritaire dans le but de contester sa composition. Car les représentants du SNOMMAR y ont été remplacés par des membres de l'UGTA, ce qui est illégal », dénonce M. Zermoun, qui compte saisir l'Inspection du travail sur cette question. « Les commissions de discipline réactivées contrairement à la réglementation n'ont, depuis des semaines, débouché, malgré l'absence des représentants des officiers marins, sur aucun PV de carence. Les suspensions jusqu'à aujourd'hui n'ont pas été levées. Les salaires restent bloqués », indique le syndicat.