La direction générale de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) met à exécution ses menaces contre les officiers de la marine marchande. Vingt-deux officiers, jusqu'à présent, ont été suspendus de leurs fonctions et ce, pour une durée illimitée. D'autres, ayant suivi le mot d'ordre de grève pour des raisons socioprofessionnelles, pourraient connaître le même sort. Dans les décisions, il est notifié un « refus de travail » pour les officiers qui se trouvaient à bord des car-ferries et un « déclenchement de grève illégale » pour ceux qui se trouvaient à terre. Après une grève de dix jours, déclenchée le 26 juin dernier, le Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMMAR) avait pourtant appelé à la reprise du travail afin de se conformer à l'ordonnance du président du tribunal de Sidi M'hamed. « Dans cette entreprise d'intimidation, la direction générale a encore une fois recours à des décisions entachées d'irrégularités. Faute d'une logique de responsabilité, la direction générale s'achemine vers l'impasse puisqu'elle vise à pourchasser et à traquer les officiers grévistes devant une commission de discipline dont la composition a été modifiée en violation du règlement intérieur et sans consultation du partenaire social », déplore le syndicat dans un communiqué rendu public. Aussi, il considère les sanctions « prématurées » du fait du pourvoi en cassation qu'il a introduit au niveau du tribunal d'Alger. « La justice n'a pas encore définitivement donné raison à la direction de l'entreprise », soutient le président du SNOMMAR, M. Zermoun. Le président du tribunal d'Alger avait justifié son verdict par le fait que l'assemblée générale du 14 juin, à l'issue de laquelle le recours au débrayage a été décidé, s'est tenue « en dehors du travail », et que le mouvement de protestation a eu pour conséquence « La pénalisation des voyageurs ». En réaction à l'ordonnance, le SNOMMAR a déclaré que « le lieu habituel de travail est le navire ». D'où sa décision de tenir l'assemblée générale au niveau du siège du syndicat, une réunion à laquelle ont participé 75 officiers sur les 108 que compte le SNOMMAR. Quant au second reproche, il relève « une grande contradition », car la direction générale de l'ENTMV a elle-même affirmé que la grève n'avait eu aucune incidence sur l'exploitation des navires grâce au recrutement d'officiers de la Compagnie nationale de navigation (CNAN Group) et au rappel d'officiers en formation en Espagne. Les car-ferries continuent d'ailleurs à naviguer normalement malgré la suspension de 22 officiers pour une durée illimitée. Pour le syndicat, il s'agit là d'une atteinte flagrante au droit de grève consacré par la loi. Pour étayer ses accusations, il cite les articles 33 et 57 de la loi 90-02 du 06 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève, lesquels interdisent le recrutement d'un personnel étranger en temps de grève. « La direction générale de l'entreprise, en piétinant en toute impunité les lois sociales qui protègent le droit de grève et syndical, s'installe dans une zone de non-droit », dénonce le communiqué du SNOMMAR. « Les officiers de la marine marchande ne se laisseront pas impressionner par cette vague de harcèlement et d'intimidation contre un mouvement profondément légitime et légal », poursuit-il. Face à la gravité de la situation, les officiers comptent tenir une assemblée générale dimanche prochain au siège du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES).