Je jure devant Dieu que si on venait à me chasser de ces lieux je m'aspergerais d'essence et je me suiciderais devant ma famille et devant tous les habitants de la cité des 500 logements. Ecrivez ça et répétez les mêmes mots que j'ai dit hier aux agents de la police de l'urbanisme qui étaient venus me demander de libérer cette parcelle de terre que j'utilise pour élever dessus un abri ». Dakhil Azziz, la quarantaine n'a plus où aller. Depuis le 27 juillet dernier, il vit avec sa femme et ses deux enfants en SDF. « Le propriétaire de l'appartement que je louais à la cité de l'APC m'a demandé de libérer les lieux. C'est ce que j'ai fait, mais je n'ai plus où aller. » En attendant, Aziz a élevé un abri qui lui sert de cuisine et de chambre à coucher. Un gourbi de fortune. « C'est pour permettre à ma femme et ma petite fille de dormir la nuit, car moi ainsi que mon grand fils (à peine 15 ans) on reste éveillés pour surveiller nos biens. » Leurs biens se résument en quelques meubles qui gisent sur le trottoir d'en face. Aziz a surtout peur pour la scolarité de sa fille, car, dit-il « je ne sais même pas dans quel établissement je vais l'inscrire cette année... Je suis dans le vide et pour moi l'avenir n'existe plus ». Il affirme également qu'il aurait sensibilisé tous les responsables locaux, mais qu'il n'aurait eu aucune réponse de leur part. Il ne voudrait pas récidiver à enfariner la loi, car en 1989, il avait construit un gourbi à la Briqueterie. Un bidonville qui pourtant existe encore à ce jour. Cet acte lui avait coûté une année de prison ferme. Après cette date, il cohabitera dans la maison familiale à Merj Eddib durant plusieurs années. Puis il fallait qu'il cède la place aux autres : « aujourd'hui, cinq de mes frères mariés habitent à la maison paternelle. Ils sont au total 20 personnes à partager un F4. Je ne peux tout de même pas leur en rajouter ! » Il avait même loué un garage à El Hadaiek pour y habiter durant plus de 4 années. Mais il n'a plus les moyens pour continuer à louer. Car on a oublié de mentionner que Azziz est un agent communal travaillant dans l'assainissement. C'est à dire que sa paye ne lui suffit même pas à nourrir sa famille, de là à en amputer pour louer un appartement à plus de 5000 DA....Hier, et au moment même où nous écrivions ces lignes, la police de l'urbanisme s'attelait déjà à défaire l'abri de la famille Dakhil. Aziz et sa petite famille s'apprêtent déjà à passer leur première nuit à la belle étoile. Ailleurs, la ville et ses responsables rêvent d'autre chose...