La mise en application de la réforme du système éducatif dans la wilaya de Mila vers les années 1996-1997 a été globalement en deçà des résultats escomptés. Cela étant, voila que les personnels et cadres du secteur se sont donné rendez-vous, dimanche dernier, à la salle de conférences de la wilaya de Mila, pour débattre des perspectives du « Projet d'école » et en esquisser les lignes directrices susceptibles de délivrer les institutions du savoir du marasme poignant qui les caractérise. Ces retrouvailles scientifiques ont permis aux 250 participants au colloque de wilaya, ayant pour thème « Le rôle du projet d'école dans l'accélération des réformes scolaires », de se concerter sur les approches et les stratégies à adopter afin de redorer le blason terni du secteur de l'éducation. Les six communications inscrites à l'ordre du jour et animées par des inspecteurs, professeurs et docteurs venus des universités de Constantine, Sétif et Skikda, ont principalement mis en exergue les incohérences et les dysfonctionnements qui freinent l'évolution et le progrès des institutions éducatives dans les trois cycles de l'enseignement. Le manque de stimulation matérielle, l'instabilité des cadres de l'éducation, la faiblesse du niveau de la formation qui leur est prodiguée, les restrictions budgétaires distillées par l'Etat et, bien entendu, les effets de la crise économique durement ressentis par la corporation sont, selon les intervenants, les principales raisons à l'origine de l'effritement de la notion même du savoir et de la clochardisation de l'école. La remarquable prestation du docteur Benarab Abdelkrim de l'université Mentouri de Constantine s'est déclinée comme un avertissement aux pouvoirs publics compte tenu de l'inadéquation et de la faillite des systèmes éducatifs obsolètes jusque-là institués en programmes nationaux. L'orateur, auteur de prestigieuses mémoires intellectuelles et d'ouvrages dans la recherche scientifique, enfoncera davantage le clou en affirmant que 37 000 à 47 000 enfants algériens ne vont pas à l'école, que le seul monde arabe compte 68 millions d'analphabètes et qu'il y a 880 millions d'illettrés dans le monde, selon les statistiques de l'Unesco. Et d'ajouter : « Les USA réservent 6% du budget de l'éducation à l'évaluation scientifique des systèmes pédagogiques et parlent désormais de culture de l'évaluation, alors que chez nous ladite évaluation n'existe pratiquement pas. Par ailleurs, l'ouverture de l'établissement sur l'environnement, l'évaluation de la formation, l'interdisciplinarité, la pédagogie du contrat et l'optimisation des chances de réussite des élèves ont été vivement recommandées par les séminaristes comme étant des leviers efficaces à même de pondre un système de réforme éducative performant, car la fiabilité d'un système éducatif repose nécessairement sur des enjeux pédagogiques, éducatifs et institutionnels », rappellent les présents.