Les inculpations concernent un SMS qu'Ahmed Badaoui avait envoyé à ses proches et amis à la veille d'une rencontre organisée par l'ALS Une perquisition a été effectuée chez. Le syndicaliste à l'issue de laquelle le disque dur de son micro-ordinateur a été confisqué. Après deux nuits et une journée dans les geôles du commissariat central d'Alger, Ahmed Badaoui, l'animateur de l'Association des libertés syndicales (ALS), a été déféré, hier en milieu d'après-midi, devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d'Alger. Faute d'information, sa famille et ses proches étaient ballottés entre le tribunal de Sidi M'hamed et celui de Bir Mourad Raïs. Mais finalement, c'est devant cette dernière juridiction que les policiers l'ont déféré pour répondre de trois chefs d'inculpation, à savoir « appel à la désobéissance civile, outrage à corps constitué et appartenance à une organisation non agréée (en référence à l'ALS qui est une association non encore agréée)». L'audition a duré plusieurs heures avant qu'Ahmed Badaoui, assisté par un collectif d'avocats, ne soit inculpé puis présenté devant le juge de la deuxième chambre d'instruction, qui l'a placé sous contrôle judiciaire. Il doit se présenter tous les 15 jours devant le juge. En fait, les inculpations concernent un message SMS qu'Ahmed Badaoui avait envoyé à ses proches et amis à la veille d'une rencontre (tenue samedi dernier), organisée par l'ALS, une association à laquelle il appartient, et dans lequel il exprimait son soutien au peuple tunisien tout en faisant le parallèle avec la situation en Algérie. «Réflexes totalitaires» Vingt-quatre heures plus tard, les policiers l'ont arrêté. C'était samedi dernier, en début de soirée, non loin de son domicile à Tixeraine. Il passe sa première nuit au commissariat central et le lendemain, une perquisition est effectuée chez lui, à l'issue de laquelle le disque dur de son micro est confisqué. Très inquiète, ignorant les motifs de l'arrestation, sa famille lance l'alerte et les réactions de soutien et de solidarité commencent à tomber. Hier matin, son épouse ne savait toujours pas devant quelle juridiction il allait être déféré. Ce n'est qu'en milieu d'après-midi, que l'information est tombée. Badaoui est apparu, entouré de policiers dans le hall du tribunal de Bir Mourad Raïs. En fin de journée, il a rejoint sa famille. Ses avocats parlent de «victoire». Le RCD estime, dans un communiqué, que «la dissolution de la sinistre Cour de sûreté de l'Etat n'a pas fait disparaître les réflexes totalitaires». Pour le parti, «provocation ou signe d'affolement, l'arrestation de Badaoui s'inscrit dans une stratégie de pression qui tente d'enrayer la contestation citoyenne». Soutien de la classe politique Il exige la libération du syndicaliste et appelle «à la mobilisation pour dénoncer le recours à l'intimidation du pouvoir qui croit étouffer le peuple par le déploiement de ses forces au moment où le terrorisme fait de l'Algérie, son siège social». Pour sa part, le Parti socialiste des travailleurs (PST) exige lui aussi la libération immédiate, déclarant, dans un communiqué diffusé hier, «avoir appris l'arrestation de Badaoui, après la tenue d'une rencontre organisée par le Comité pour les libertés syndicales qu'il anime. Les militants et les syndicalistes présents à cette réunion n'ont pourtant aucun lien avec les barons de l'agroalimentaire et ne portent aucune responsabilité dans les spéculations. Nous pensions agir pour faire cesser les persécutions dont fait l'objet Badaoui, privé de son emploi et de son passeport depuis plus de 5 ans, et voilà qu'il faille le défendre contre des accusations aussi graves que ridicules. Ceux qui croient intimider les travailleurs et la jeunesse et qui continuent à nous bâillonner se trompent». Le Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR) trouve que «le pouvoir s'affole» en arrêtant Ahmed Badaoui. Il dénonce «la répression contre les libertés» et déclare que «les méthodes répressives du pouvoir poussent finalement à la révolte».