Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a déroulé le tapis rouge pour son homologue chinois Hu Jintao. Une journée chargée de symboles pour les deux plus grandes puissances mondiales qui s'opposent en particulier sur l'économie et les droits de l'homme. M. Hu, déjà accueilli mardi soir à la Maison-Blanche pour un repas «intime» avec M. Obama, a eu hier l'honneur d'une visite d'Etat dans les règles, avec dès 9h une cérémonie d'arrivée en grande pompe avec garde d'honneur, hymnes nationaux et discours. MM. Obama et Hu ont rencontré ensemble de grands patrons américains, parmi lesquels ceux de fleurons comme Microsoft, Goldman Sachs, Motorola, General Electric, Coca Cola ou encore Boeing et Dow. Les deux dirigeants ont participé ensemble, en milieu de journée, à une conférence de presse et, en soirée, les délégations se sont retrouvées pour un dîner d'Etat, un événement protocolaire et mondain dont la liste des invités et le menu étaient encore gardés jalousement secrets mercredi matin. En deux ans de présidence Obama, seules deux visites d'Etat avaient jusqu'ici été organisées : en l'honneur de l'Inde fin 2009 et du Mexique au printemps 2010. Interrogé par des journalistes sur la contradiction apparente entre l'organisation d'un dîner d'Etat et la position critique des Etats-Unis vis-à-vis de Pékin sur la question des droits de l'homme, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, est resté fidèle à la ligne édictée depuis deux ans par l'Administration Obama : souligner et célébrer les points d'accord, prendre acte des désaccords sans que cela ne constitue un motif de rupture. «Nous continuerons à avoir ces conversations difficiles, mais nécessaires, avec la Chine, et nous en aurons encore», avait promis M. Gibbs mardi. 45 milliards de dollars de commandes Mardi, des centaines de Chinois et de Tibétains ont manifesté devant les grilles de la résidence, au centre de Washington. Mais cela n'a pas troublé outre mesure le sommeil de Hu Jintao ni entamé le pragmatisme sans odeur d'Obama. En effet, la Chine a signé avec les Etats-Unis des commandes commerciales d'une valeur totale de 45 milliards de dollars, en marge de la visite d'Etat du président chinois Hu Jintao à Washington, a indiqué hier un haut responsable au sein du gouvernement américain. Le gros de ces commandes porte sur des avions Boeing. «Des contrats portant sur des exportations de 45 milliards de dollars ont été conclus, permettant de maintenir 235 000 emplois américains», a indiqué à la presse ce responsable qui a requis l'anonymat. Les autorités chinoises sont sur le point d'annoncer qu'elles ont donné leur «approbation pour l'achat de 200 avions Boeing pour une valeur estimée de 19 milliards de dollars», a-t-il ajouté. Ces commandes ont été passées par les Chinois auprès de certaines des plus grosses entreprises américaines, mais également d' «un nombre grandissant de petites et moyennes entreprises», a-t-on précisé de source gouvernementale.En plus de la commande à Boeing, des entreprises chinoises ont conclu «70 contrats représentant 25 milliards de dollars d'exportations au départ de douze Etats américains», selon la même source, le reste des 45 milliards provenant d'autres contrats impliquant des exportations américaines. Selon les informations transmises par le gouvernement américain, la commande à Boeing porte, entre autres, sur des moyen-courriers B737 et des long-courriers B777. La livraison des appareils doit s'étaler sur les années 2011, 2012 et 2013. A elle seule, cette commande permettrait de sauvegarder «plus de 100 000 emplois» aux Etats-Unis, chez Boeing et ses sous-traitants. Washington n'a pas précisé les compagnies aériennes chinoises concernées par cette commande. Avec un tel carnet de commandes, il est difficile pour Obama de placer un mot sur les droits de l'homme en Chine. Il risque même d'avaler sa langue…