La Chine a appelé lundi 17 janvier la communauté internationale à faire progresser la réforme du système financier et à établir un nouveau partenariat plus équitable et équilibré en matière de développement. "La Chine espère que la communauté internationale pourra oeuvrer ensemble à faire avancer la réforme et créer un ordre financier international équitable, juste, inclusif et bien contrôlé", a fait remarquer le président chinois Hu Jintao dans une interview écrite accordée au Wall Street Journal et au Washington Post, à la veille de sa visite d'Etat aux Etats-Unis. Selon Hu Jintao, la crise financière mondiale est révélatrice de l'absence de régulation vis-à-vis de l'innovation financière. Il a aussi énuméré plusieurs défauts du système existant, comme étant les "causes principales". Premièrement, le système financier ne s'adapte plus à l'évolution de l'économie et de la mondialisation financière. Il est incapable de traiter les risques et les défis engendrés par des activités financières massives. Deuxièmement, les institutions financières internationales ont échoué à refléter pertinement le changement de statut des pays en voie de développement. La représentativité et les capacités d'exécution de ces pays au sein des institutions internationales nécessite un renforcement. Enfin, le système manque, de façon considérable, de ressources et de moyens pour combattre la crise financière mondiale. Ses capacités de sauvetage doivent faire l'objet d'améliorations. Hu Jintao estime que "la Chine a apporté une contribution importante à l'économie mondiale en terme de production et d'échanges totaux" et que le yuan "a joué un rôle dans le développement économique du monde". "Mais le processus devant contribuer à faire du yuan une monnaie de réserve sera assez long", ajoute-t-il. Faisant référence au rôle dominant du dollar sur le marché des changes depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Hu Jintao a critiqué implicitement la politique de la banque centrale américaine (Fed), qui a décidé en novembre de créer de nouveau plusieurs centaines de milliards de dollars pour soutenir la reprise aux Etats-Unis. "La politique monétaire des Etats-Unis a des effets importants sur la liquidité et les flux de capitaux mondiaux. En conséquence, la liquidité du dollar américain devrait être maintenue à un niveau stable et raisonnable", estime le président chinois dans ses réponses. La Fed a été vivement critiquée par plusieurs pays émergents et européens, qui l'ont accusée de chercher à faire baisser la valeur du dollar pour favoriser les exportations américaines et de provoquer des flux de capitaux massifs et déstabilisants vers les pays en forte croissance. Dans ses réponses à la presse américaine, Hu Jintao a par ailleurs jugé simpliste de considérer qu'une hausse du taux de change du yuan permettrait de maîtriser l'inflation en Chine. "Les changements de taux de change sont le résultat de facteurs multiples, notamment la balance des comptes courants [d'un pays] et le niveau de l'offre et de la demande sur le marché", a-t-il dit. Hu Jintao doit arriver aux Etats-Unis mardi pour une visite officielle au cours de laquelle il sera reçu à la Maison Blanche par son homologue américain Barack Obama. En prévision de cette visite, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a rappelé mardi que les Etats-Unis souhaitaient voir la monnaie chinoise, le yuan, s'apprécier beaucoup plus qu'elle ne le fait actuellement. La question du niveau du yuan empoisonne régulièrement les relations sino-américaines. Accusant la politique de change chinoise d'être responsable du déficit commercial colossal des Etats-Unis, Washington ne cesse de demander une accélération du mouvement d'appréciation du yuan entamé en juin, quand les autorités chinoises ont décidé d'autoriser leur monnaie à flotter un peu plus librement. La Chine répond invariablement que ces pressions sont intolérables, qu'elle n'y cédera pas et que la réévaluation du yuan prendra du temps. Geithner avait estimé mardi que la politique d'intervention des autorités chinoises sur le marché des changes pour freiner l'appréciation du yuan était "indéfendable", et que Pékin finirait par se retrouver contraint d'y mettre fin pour enrayer la hausse des prix en Chine.