Pour la première fois dans l'histoire du Maghreb, des émeutes populaires violentes et meurtrières secouent pratiquement toutes les villes des Etats politiques à savoir, l'Algérie et la Tunisie pendant le mois de janvier de la nouvelle année 2011. A première vue, les analystes expliquent que ces révoltes populaires se sont levées contre la cherté de la vie, le chômage des jeunes qui s'accroît en permanence et la «hogra» comme attitude du pouvoir pour briser toutes les voies qui s'élèvent contre l'injustice et activent en même temps pour faire aboutir la démocratie. Ces éléments ne reflètent, en vérité, que les bribes des problèmes complexes dans lesquels ces Etats se sont mis d'une manière consciente ou inconsciente depuis leur indépendance. Effectivement, tous les pays sans exception, qui ont réussi à arracher leurs libertés politiques des puissances coloniales d'autrefois, n'arrivent plus aujourd'hui à mettre en place une stratégie adéquate et un dispositif efficaces pour parvenir à résoudre les problèmes multiples posés avec acuité à leur société. Ces problèmes n'arrêtent pas de tirer ces sociétés vers le bas et il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent bloquer éternellement toutes les tentatives qui aspirent à la liberté et au développement. Actuellement, pour comprendre réellement ces émeutes et ces soulèvements populaires qui se reproduisent à chaque fois que l'occasion se présente, il faut revenir, au préalable, aux sciences sociales et faire activer les «enquêtes» avec des «outils méthodologiques» pour pouvoir «connaître» l'origine du déclencheur de ce type de phénomène, et pour comprendre la puissance de son séisme et maîtriser la loi de son fonctionnement, il faut rester à l'écoute des éléments qui provoquent le choc et rester vigilant pour maintenir essentiellement l'équilibre et suivre avec attention son ordre d'évolution. Cela dit, l'histoire sociale des sociétés est particulièrement indispensable pour faire avancer la recherche parce qu'en effet c'est elle qui nous donnera des éléments vrais et des données fiables pour décortiquer et comprendre son cycle de vie et comment et par quoi il s'est transformé, si la transformation existe réellement, évidemment. Effectivement, l'Algérie est sur la voie de l'effondrement et tant que la sécurité alimentaire des personnes est menacée, tant que les coups durs qui fissurent la question nationale et fragilisent la sécurité nationale n'ont pas été stoppés, «elle» ne peut trouver la sortie pour se mettre à l'abri , ni même se protéger pour pouvoir se préparer afin de changer de direction vers la voie sécurisée. Une politique qui ajuste la voie pour pouvoir progresser et qui s'inspire de la vraie «vie» des Algériens (nes) afin d'avoir des idées simples, claires et évidemment vraies, est le seul moyen pour trouver la bonne voie et préserver la sécurité nationale. Aujourd'hui, aucun pays de cette région stratégique n'est à l'abri de ces émeutes et de ces soulèvements populaires qui détruisent tout ce qui est sur leur route. Mis à part les grandes nations qui guettent comme des corbeaux ces malheureux pays en permanence, avec des machines technologiques sophistiquées pour contrôler et faire fonctionner à leur manière leurs richesses naturelles et piller avec des techniques modernes leurs réserves financières sans aucun souci évidemment des malheurs causés aux populations civiles, ni de leurs souffrances, aucun de nous, même les Algériens véreux qui ont rempli leur compte bancaire à l'étranger ne peuvent dire pour le moment, qu'ils ont drainé réellement un gain. Il suffit de voir le sort de l'ex-président de la Tunisie, dont je n'arrive pas à citer le nom, pour comprendre que ces nations ne lâcheront jamais les personnes corrompues et devront payer, tôt ou tard, pour le mal qu'ils ont fait. Il existe, quelque part, une justice divine ou naturelle qui prendra en charge le jugement de ces criminels à la place des hommes lâches, incapables d'établir leur propre justice. Si la situation demeure inchangée, ces révoltes et ces soulèvements vont se succéder pour devenir, dans le futur, plus violents qu'un raz-de-marée et ravageront, à chaque fois, tout ce qui représente un édifice public parce qu'effectivement, l'état de ces édifices demeure étranger aux yeux des émeutiers et doivent être détruits et écrasés. Ces soulèvements seront toujours imprévisibles et inattendus et le pouvoir en place n'aura aucune chance d'être à l'abri comme les autres entités d'ailleurs, jusqu'à ce qu'il trouve la voie, un jour, qui l'emmène vers la société et contribuera avec elle pour réussir, ensemble, le pari du développement et définir ensemble la nature de la voie qui assurera l'ordre, l'équilibre et la sécurité. A vrai dire, les derniers soulèvements populaires ne sont pas un événement passager et ne sont pas non plus contre uniquement les éléments cités précédemment. Bien au contraire, il s'agit des sociétés qui n'arrivent plus à cohabiter avec leur «Etat particulier», géré par un régime politique qui ne développe aucun souci à propos de la cohésion nationale, ni de sa sécurité sociale. C'est un régime pire que celui développé par les véreux colons blancs apparus pendant la domination française. En effet, ces sociétés sont de plus en plus en avance par rapport au type de pouvoir qui les commande. Elles cherchent depuis un moment à sortir du marasme et à construire des voies pour justement faire émerger, pacifiquement, la voie possible qui peut construire effectivement une vie collective qui exprime la liberté et avantage la dignité humaine. En revanche, il ne faut pas se précipiter pour dire que ces sociétés veulent la démocratie parce que, justement, il n'y a aucun projet collectif qui s'est constitué entre les Algériens par exemple pour dire qu'effectivement ils sont prêt(es). Pour le cas de Algérie, il s'agit bien évidemment d'une absence de projet de société, parce qu'il n'y a pas encore la «chose publique» qui éclaire les idées politiques des uns et des autres. Il ne faut pas oublier la situation de précarité culturelle et économique qui frappe pratiquement toutes les catégories sociales algériennes. Ces dernières n'ont pas d'attache entre elles et ne sont pas reliées par un intérêt social et économique commun qui peut, dans la mesure du possible, produire un discours politique. Il faut comprendre qu'il n'y a jamais eu de «politique» au sens propre du terme entre Algérien(nes). La politique est en effet le discours qui reflète la situation sociale d'une classe. Cette situation se matérialise par une idée que les personnes transforment en une «idéologie». Elle devient une croyance qui ressemble typiquement à la croyance religieuse parce qu'en effet ces personnes se reconnaissent et se définissent entre elles grâce à elle. Tout ce qui ne se définit pas dans cette situation sociale, c'est-à-dire dans l'idéologie, doit trouver la catégorie qui lui ressemble pour se positionner socialement, afin de produire son propre discours politique. L'idée politique est une production sociale qui reflète en principe la situation sociale. En vérité, après le départ des Européens, la vie ne s'est pas arrêtée en Algérie comme disent certains, mais paradoxalement, il ne faut pas oublier que cette vie n'a défini ni sens ni but précis dans ce bas-monde. En dehors du discours abstrait et stéréotypé qui cherche uniquement à trouver un justificatif d'une part, pour le complexe et la faiblesse développés vis-à-vis de ce qui a pu rester comme héritage culturel et artistique colonial et, d' autre part, pour se cacher derrière un esprit transcendant afin de développer une irresponsabilité qui perdurera la passivité du jugement d'ici-bas, à savoir que Dieu s' occupera de tout. Cette vie de non-sens a fini par élargir l'esprit obscur et tordu qui a fini, en fin de compte, de glorifier l'idée selon laquelle, «Dieu» punira ceux qui s'enrichissent illégalement et gratuitement et c'est «Dieu» lui-même qui s'occupera du sort de ceux qui sont responsables de la misère des autres.