Près de 4000 personnes, selon la police, ont manifesté dans le calme hier en Jordanie, après la prière, pour protester contre la vie chère et la politique économique du gouvernement, malgré l'annonce par le gouvernement de nouvelles mesures sociales. A Amman, les manifestants ont répondu à l'appel des islamistes, des syndicats professionnels et des partis de gauche, alors que 1400 personnes, selon la police, ont manifesté notamment à Zarka (nord-est) et Irbid (nord). «Non à l'oppression, oui au changement», «Nous voulons la liberté et la justice sociale», «Non à la faim qui vise à nous mettre à genoux», «Nous voulons un gouvernement de sauvetage national», proclamaient les banderoles à Amman. Les manifestants brandissant des drapeaux jordaniens et de leur parti, scandent «Rifaï, Rifaï (le Premier ministre Samir Rifaï) va-t-en, le peuple ne cédera pas». Un important dispositif policier a encadré le cortège qui s'est dirigé vers la mairie, où des dirigeants islamistes ont prononcé des discours. «Les réformes politiques sont une nécessité urgente», a déclaré le secrétaire général du FAI Hamzeh Mansour. Pour sa part, le syndicaliste Maissa Malass a qualifié les mesures sociales du gouvernement «de piqûres d'anesthésie, alors que nous avons besoin de réformes globales». La police avait distribué de l'eau et des jus de fruits aux manifestants, avant le début de leur marche. Le Front de l'action islamique (FAI), principal parti d'opposition en Jordanie, avait appelé à manifester dans le calme. Le gouvernement a annoncé jeudi le déblocage de 200 millions de dinars (283 millions USD) notamment pour augmenter les salaires des fonctionnaires et des retraités civils et militaires, neuf jours après l'annonce de premières mesures en vue d'une baisse des prix et de la création d'emplois. Réformes politiques en filigrane Le Premier ministre, dont la démission a été réclamée lors de manifestations récentes, a affirmé jeudi aux députés que les problèmes économiques «remontent à plusieurs années» et que son gouvernement «ne peut être accusé d'en être responsable». Cette manifestation contre la vie chère est la deuxième dans le royaume depuis la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, alors qu'un sit-in a été organisé dimanche également par les islamistes devant le Parlement pour protester contre l'inflation et la politique économique du gouvernement. Un sit-in a eu lieu auparavant devant l'ambassade de Tunisie, en soutien au peuple tunisien. Quelque 25% des Jordaniens vivent sous le seuil de pauvreté, selon une étude du Conseil économique et social jordanien. ré