Le patron du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo de Rato, a animé une conférence de presse, hier à Alger, à l'issue de la conclusion de la conférence sur la facilitation des échanges commerciaux entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. L'évènement a estompé nombre de questions qui animent l'actualité nationale ainsi que celles inhérentes à la région du Maghreb dans sa quête d'un projet de formation d'un espace commercial commun. L'hôte de l'Algérie a été reçu par le président Bouteflika et le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. De Rato, répondant aux journalistes, a affirmé que « la question des salaires a été évoquée avec le chef du gouvernement ». Il est à rappeler que la question des salaires abordée à Alger en octobre dernier par une délégation du FMI a soulevé l'indignation dans le milieu syndical. M. Erik de Vrijer, on s'en souvient, avait suggéré l'adoption par l'Algérie d'une politique salariale liée à la compétitivité des entreprises. Sur le même sujet, le DG du FMI a, pour sa part, rappelé que le fonds a précisément pour mission de s'exprimer sur la politique monétaire et financière menée par chaque pays membre. « On ne peut pas considérer que c'est une ingérence », a affirmé de Rato au sujet de la position du FMI sur la façon dont il convient d'augmenter les salaires en Algérie, comme d'ailleurs partout ailleurs. « Nous faisons des recommandations à tous les pays, y compris les puissances économiques tels les Etats-Unis ou le Japon, sur leur politique budgétaire et fiscale », lorsque la nécessité se fait sentir, a affirmé le DG du FMI, avant d'ajouter : « Cela ne doit pas être pour autant perçu comme une ingérence. » S'exprimant sur les réformes engagées par l'Algérie, il a réaffirmé que des « succès remarquables » ont été obtenus sur le plan du rétablissement macro-économique et que des progrès ont été réalisés sur le plan de la libéralisation du commerce extérieur et de l'affermissement de la croissance économique. Selon lui, cependant, l'enjeu pour l'Algérie consiste à parvenir à un taux de croissance durable plus élevé afin de réduire davantage le chômage. Entreprise d'harmonisation Sur le registre du développement du commerce intermaghrébin, la conclusion des travaux note que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc ont convenu du dispositif à mettre en place pour le renforcement de leur intégration régionale et la facilitation du commerce entre eux. Aussi ont-ils décidé de présenter des rapports d'étape aux réunions périodiques du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) à Washington. Outre ce dispositif axé sur sept grandes mesures, il a été également décidé d'associer la Libye et la Mauritanie aux prochaines conférences et de mettre en place un observatoire du commerce extérieur maghrébin présidé par un représentant du secteur privé, selon le patron de l'institution de Bretton Woods, dont c'est la deuxième visite à Alger depuis sa prise de fonction en juin 2004. Une batterie de mesures a été décidée à l'effet de lever les obstacles techniques d'une intégration économique de la région. Il s'agit de l'harmonisation des réglementations régissant les échanges commerciaux, la suppression des distorsions au commerce, la poursuite des réformes dans les domaines des tarifs douaniers et du secteur financier, les procédures de traitement des documents, les systèmes de paiement et la chaîne logistique, y compris les transports et les investissements mixtes. Un comité technique préparera, dans un premier temps, un rapport sur l'harmonisation des réglementations liées à la mise en œuvre des accords de libre-échange, notamment les procédures et les règles d'origine, ainsi que les restrictions non tarifaires et le traitement préférentiel des produits maghrébins. En avril 2006 Ce rapport sera examiné en avril 2006 à l'occasion des réunions de printemps du FMI et de la BM en vue de parvenir à un accord sur des mesures spécifiques. Pour l'établissement du rapport, deux réunions des experts des trois pays se tiendront successivement en janvier et en mars 2006 respectivement à Alger et Tunis. Le conférencier a fait savoir également qu'en ce qui concerne les entraves au commerce, un comité sera chargé de définir les actions à prendre pour réduire le volume des flux informels. Quant aux systèmes de paiement et aux réformes des tarifs douaniers et des douanes en général, pour lesquels chaque pays examinera les mesures qu'il est possible de prendre, une évaluation des progrès réalisés sera faite lors de la prochaine conférence régionale qui se tiendra en novembre 2006 au Maroc. Cette conférence d'Alger sera suivie par d'autres qui se tiendront annuellement et consacrées à des thèmes spécifiques. En novembre 2006, au Maroc, se tiendra la prochaine réunion qui abordera la question des réformes et l'intégration du secteur financier. Une autre sera organisée en 2007 en Tunisie pour discuter du développement du secteur privé.