Le patron du FMI, Rodrigo de Rato, était à Alger hier pour une rencontre à huis clos avec les ministres chargés des Finances, du Commerce et les gouverneurs des banques centrales d'Algérie, du Maroc et de Tunisie. Le Fonds monétaire international plaide pour la réouverture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. “Même si le sujet n'est pas à l'ordre du jour de cette conférence, il va sans dire que la réouverture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc contribuerait fortement à stimuler les échanges commerciaux entre les deux pays et dans la région”, souligne M. Rodrigo de Rato, directeur général du FMI, à l'ouverture de la conférence sur la facilitation des échanges commerciaux entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui s'est tenue, à huis clos, hier, à la résidence d'Etat Djenane El Mithak, et qui a regroupé les ministres chargés des Finances et du Commerce ainsi que les gouverneurs des banques centrales des trois pays. Jugeant peut-être, la question trop sensible, le patron du FMI propose toutefois, que “les débats s'en tiennent à une approche pragmatique qui s'inspire des efforts et des expériences en cours et privilégie les questions techniques en mettant de côté les aspects politiques”. M. Rodrigo de Rato affirme qu'il est certain que les trois pays, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, “ont accompli d'importants progrès sur la voie de la prospérité économique”, mais, précise-t-il, “les trois économies restent confrontées à un défi considérable : elles se doivent d'accélérer leurs réformes économiques pour relever la croissance et, partant, réduire le chômage et la pauvreté”. Le directeur général du Fonds monétaire international explique que si les trois pays maintiennent les taux de croissance annuels d'environ 4 à 5% qu'ils ont connus durant les cinq dernière années, il leur faudrait plus de 20 ans pour atteindre des niveaux de revenu par habitant proches de ceux actuellement observés dans les pays de l'OCDE situés dans la tranche la moins élevée. Le chômage chez les jeunes dépasse 20% dans les trois pays, relève M. Rodrigo de Rato, qui indique que pour abaisser le taux de chômage, il faut relever le taux de croissance du Produit intérieur brut dans chaque pays. Les deux objectifs, de ce point de vue, “exigent une accélération de réformes économiques dans tous les domaines pour améliorer la productivité et accroître les investissements. Mais aussi il importe de stimuler les échanges commerciaux”. Or, sur ce dernier aspect, au Maghreb, les échanges entre pays de la région représentent moins de 2% de leur commerce extérieur. Pour autant, le patron du FMI est persuadé que “la poursuite de l'intégration économique du Maghreb aidera les pays de la région à atteindre et à assurer une croissance plus forte”. M. Rodrigo de Rato avance plusieurs arguments qui militent pour le rapprochement. L'intégration donnerait naissance à un marché régional de plus de 75 millions de consommateurs, suffisamment vaste pour créer des économies d'échelle et rendre la région plus attrayante à l'investissement étranger. Elle créerait des possibilités d'échange qui bénéficieraient aux trois pays du fait de la complémentarité de leurs structures économiques. Les services du FMI ont identifié les principaux obstacles au commerce dans la région et formulé des recommandations sur la manière de faciliter les échanges. Parmi les obstacles, le FMI évoque la complexité du réseau d'accords de libre-échange, des règles commerciales restrictives, des tarifs douaniers d'un niveau élevé et d'une structure complexe, le manque de transparence et de prévisibilité dans la législation douanière, un système inefficace pour le traitement des documents, des difficultés dans les systèmes de paiement, transport et services d'appui sous-utilisés ou pas suffisamment développés pour ne citer que ceux-là. M. Rodrigo de Rato souligne que la conférence s'inspirera des réussites dans les trois pays, en citant la réforme tarifaire de l'Algérie, la réorganisation des douanes au Maroc et le système d'informatique d'échange de données mis en place en Tunisie. Le rôle du FMI, précise-t-il, dans cette conférence, consiste “à faciliter le dialogue entre les trois pays”. Pour autant, il se dit prêt à soutenir “les efforts d'intégration” et “à suivre de près l'adoption et la mise en œuvre de mesures concrètes”. Meziane rabhi