L'organisation onusienne pour l'enfance (Unicef) a rendu public récemment à Kinshasa un rapport extrêmement pessimiste sur la pandémie liée au sida qui sévit sur une échelle continentale en Afrique subsaharienne. Ce document, cité ce vendredi par les agences de presse, indique que près de 60% de femmes et 75% de filles âgées entre 15 et 24 ans sont infectés par le VIH sida. Selon l'Unicef, la pauvreté, l'inégalité des sexes, la prostitution et la traite sont des facteurs directs dans l'augmentation du nombre de sidéens, notamment pour la population féminine. La catastrophe est d'autant plus effroyable et dramatique qu'elle a fait des femmes un vecteur d'une redoutable efficacité pour l'extension rapide de la pandémie. « Sur près d'un demi-million d'enfants de moins de 15 ans qui meurent chaque année de maladies liées au sida, une vaste majorité est infectée lors de la transmission du virus de la mère à l'enfant », indique l'organisme des Nations unies. Le monde entier a pris conscience des conséquences observées à une échelle à peine soupçonnable il y a une décennie en Afrique du Sud. Le nombre de familles composées d'enfants seulement - les parents ayant été emportés par le sida - se multiplie à une vitesse effarante. Dans d'autres pays d'Afrique australe, il est de plus en plus difficile de couvrir les besoins en encadrement des écoles tellement le sida a occasionné des dégâts dans les milieux des personnels de l'enseignement. Selon l'Onusida, un organisme des Nations unies de lutte contre cette maladie, 12,2% de la population mozambicaine âgée entre 15 et 49 ans vivaient avec le VIH sida en 2003 et environ 470 000 enfants ont perdu un ou leurs deux parents. Il n'est pas encore établi avec précision que leurs parents ont tous été victimes du virus, mais l'accroissement du nombre de morts du sida dans le pays, « conjugué à trois années de sécheresse consécutives, a créé une crise qui dépasse les capacités de résistance de la plupart des familles et des communautés », précisent les dirigeants de l'Onusida. En Ethiopie, pour donner un autre exemple, les autorités sanitaires n'ont la possibilité de donner une aide en médicament de lutte contre le VIH que pour 58 000 personnes alors que la demande émane en réalité de 245 000 malades ayant besoin de médicaments antirétroviraux, rapporte Algérie presse service (APS). A signaler que seulement 23 000 personnes bénéficiaient jusqu'à présent de la distribution gratuite de cette médication alors que le nombre des hôpitaux capables de prendre en charge des malades du sida et d'assurer actuellement aux patients des traitements n'est que de 50. Il ne passera à 80 établissements que vers la fin du mois de décembre prochain. C'est dire tout le drame d'une population, qui elle aussi fait face à des sécheresses récurrentes pourvoyeuses de famines dévastatrices. Selon toujours l'agence de presse algérienne, qui cite des statistiques officielles, 1,5 million d'Ethiopiens sont séropositifs dont 12,6% vivent dans les zones urbaines et 2,6% dans les régions rurales. Le taux de prévalence national est de 4,4% dont 817 000 sont des femmes et 96 000 des enfants de moins de 15 ans. Ces chiffres placent l'Ethiopie à la 16e position parmi les pays où le taux de prévalence du VIH sida est le plus élevé. Ce ne sont là que quelques exemples de pays subsahariens. Le phénomène touche de plein fouet tous les pays situés à hauteur et au sud de l'Equateur. Selon la directrice générale de l'Unicef, Ann M. Veneman, et le directeur exécutif d'Onusida, Peter Piot, « chaque minute : un enfant meurt d'une maladie liée au sida ; un enfant contracte le VIH ; quatre jeunes entre 15 et 24 ans contractent le VIH ». Il est encore précisé : « Quelque 15 millions d'enfants ont perdu au moins un de leurs parents à cause du sida. Et pourtant, moins de 10% des enfants que ce fléau a rendus vulnérables ou orphelins reçoivent une aide ou des services publics. En Afrique subsaharienne, où son impact est le plus fort, les services d'entraide ne parviennent plus à répondre aux besoins. »