L'artisanat traditionnel à El Eulma, plus particulièrement à Harat Goutali, vit une atrophie sournoise. Ses adeptes se font de plus en plus rares, pour ne pas dire inexistants, et la relève est à jamais compromise. Naguère, ce quartier était le fief des artisans, et à chaque coin de rue on en trouvait un ou plusieurs. Malheureusement, aujourd'hui les jeunes n'osent pas se fourvoyer dans le sentier de ces métiers qui, selon certains d'entre eux, paraît non seulement peu attractif sur le plan pécuniaire, mais pis encore, il est voué à la fossilisation du fait du manque de prise en charge sérieuse. Manifestement attristé, l'un des derniers occupants des lieux, totalement déserts, ne cache pas son regret face à la disparition quasi totale des vieux métiers qui faisaient autrefois la fierté de ce quartier. Il est loin le temps de ces 250 à 300 artisans activant sur les lieux, entre bijoutiers, potiers, dinandiers, etc. Certains, par amour du métier, ont dû lutter de toutes leurs forces pour le préserver, mais ils ont fini par lâcher devant les innombrables difficultés, notamment la rareté et la cherté de la matière première ; en plus de l'absence de réseaux et d'espaces de commercialisation idoines et l'inexistence d'un cadre d'organisation de la profession, dont la conjonction a mis à mal une telle branche, qui serait une véritable industrie sous d'autres cieux. Et le coup de grâce est venu du quartier commercial «Dubaï», lequel inonde le marché de produits «made in». Résultat, Harat Goutali n'est aujourd'hui que l'ombre d'elle-même, au grand dam des amoureux et autres nostalgiques de la belle époque.