En l'absence de dialogue entre les différents partenaires, les travailleurs dénoncent, à travers leur syndicat, l'opacité qui caractérise la gestion de l'entreprise. Les employés du complexe Eter Algérie/Spa de Guelma, ex-entreprise céramique et vaisselle ECVE de l'Est, à travers leur section syndicale, l'UGTA, ont, dans une correspondance adressée à l'inspection du travail de la wilaya de Guelma, dont une copie nous a été remise, dénoncé «la totale opacité de l'administration quant au devenir de l'usine». Les revendications citées dans cette requête sont la régularisation des dossiers des travailleurs ayant atteint l'âge légal de la retraite et la désignation d'une date fixe pour la paye. Si l'on se réfère aux engagements de Graziano Giacobazzi, repreneur italien, tenus en présence de l'ensemble des travailleurs et du staff administratif et technique lors de l'inauguration du complexe, le 17 décembre 2007, il était question d'augmenter le capital de l'entreprise, de maintenir les emplois et de créer 4 divisions de production : vaisselle en porcelaine, produits réfractaires, (chamotte) et produits inertes, ainsi que les appareils sanitaires. Pour rappel, la cession de l'ECVE, complexe industriel porcelaine de Guelma, à l'Italien Eter-Algerie/SPA, avait été entérinée le 19 décembre 2006 par le comité national pour les privatisations (CPE), avec avis favorable du ministère des Participations et de la Promotion industrielle (MPPI). A ce sujet, le président de la section syndicale déclare : «Il est question, avant toute chose, d'instaurer le dialogue avec l'administration, laquelle n'a jamais daigné associer ou informer les représentants des travailleurs de la situation de l'entreprise.» Et d'ajouter: «Nous n'avons jamais reçu de réponse à nos multiples correspondances adressées au président du conseil de participation de l'Etat et au directeur général de l'entreprise.» L'on sait que plus de huit mouvements de protestation ont secoué cette usine depuis sa cession, sans omettre les grèves avant la privatisation de l'ex-ECVE.
Les chiffres d'affaires en deçà des frais d'emploi À ce propos, Graziano Giacobazzi (repreneur) et Ali Toudert Kamel, PDG du complexe Eter, assurent: «Nous avons honoré nos engagements pour le maintien des travailleurs. Nous avons également augmenté les salaires respectivement de 2000 DA en mai 2009 et 1000 DA en septembre de la même année. Concernant les employés ayant émis le vœu de partir en retraite anticipée, 25 demandes nous sont parvenues, cependant, comme l'atteste le P.-V. de réunion du mois de décembre 2010 avec le syndicat, nous nous engageons à mettre en retraite 2 travailleurs par mois dans le cas où notre budget nous le permettrait. Ainsi, pour honorer les 25 demandes, il faudrait débourser 20 millions de dinars.» Selon nos interlocuteurs, les investissements n'ont jamais cessé. Le capital est passé de 3 à 6 millions d'Euros en deux années (décembre 2007-2009). Et le PDG de préciser: «Il faut savoir aussi que nous travaillons à perte, nos frais d'emplois ont toujours dépassé nos recettes ; à titre d'exemple, notre chiffre d'affaires en 2007 a été de 37,4 MDA (millions) alors que la paye des employés durant la même année a été de 82,4 MDA. En 2008, nos frais d'emploi sont de 93,1 MDA alors que nos recettes avoisinaient les 88,6 MDA. Notre chiffre d'affaires a augmenté durant l'année 2010 de 87 MD;, cela est dû à nos ventes de réfractaires, mais la paye des employés demeure toujours supérieure aux recettes (porcelaine et réfractaires).» «Un investissement de 5 millions d'Euros pour l'installation de nouvelles machines et la remise à niveau des employés devraient intervenir incessamment», a déclaré Graziano Giacobazzi, qui ajoute: «Ce projet d'envergure créera 25 nouveaux emplois directs.» Le kaolin de djebel Debagh pour booster le complexe Pour ce faire, le patron d'Eter mise, nous dit-il, sur l'extraction du kaolin de Djebel Debagh. Des contacts fructueux avec le repreneur de la société algérienne de kaolin (Soalka) de djebel Debagh, un gisement situé à 25 km de l'usine, lui permettront de s'approvisionner en cette matière première indispensable pour faire tourner l'usine. Notre interlocuteur parle de 50 000 t/an de kaolin extrait, qui seront calcinées dans les nouvelles installations de l'usine. Cependant, avance notre source, cet investissement est tributaire, à hauteur de 70 %, d'un accord de crédit bancaire avec la BDL, remboursable sur 20 ans. Notons enfin que des équipements, d'une valeur de 150 MDA (millions), sont en souffrance au port de Skikda depuis 2009. Quoi qu'il en soit, l'UGTA crie au loup, mais l'investisseur italien rassure, en ces termes: «Je suis optimiste pour l'avenir de l'entreprise. Arrêtons de tergiverser et travaillons main dans la main.»