Des rumeurs relatives à un changement de gouvernement se sont propagées, avant-hier, comme une traînée de poudre. Toutes les rédactions des journaux ont été tenues en haleine, guettant une annonce imminente de la nouvelle composante de l'Exécutif au JT de 20 heures. Qui l'avait distillée ? Pour quel objectif ? Personne ne le sait. On donnait le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, partant. Concernant son éventuel remplaçant, on avançait le nom de l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui aurait été chargé de former son équipe. Abdelmalek Sellal a été annoncé au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Mais pas seulement. La quasi-totalité du staff gouvernemental était, selon les rumeurs, appelé à plier bagage. Les noms des partants seraient, entre autres, Saïd Barkat (Solidarité nationale), Boubekeur Benbouzid (Education nationale), Djamel Ould Abbès (Santé), Rachid Harraoubia (Enseignement supérieur) et Khalida Toumi (Culture). Il a été aussi colporté que des conseillers du président Bouteflika devraient, eux aussi, prendre la porte. Et dans la foulée, on soutenait que des mesures importantes allaient être prises pour apaiser, dit-on, les esprits. Il s'agirait de la levée de l'état d'urgence, de l'ouverture des médias lourds (Télévision et Radio nationales) aux partis de l'opposition privés d'antenne depuis de longues années. On supputait même que des élections législatives anticipées allaient être annoncées. En somme, on a laissé entendre qu'on accèderait à presque toutes les revendications formulées par des partis de l'opposition et les organisations de la société civile. Ces derniers, qui se préparent à organiser une marche nationale en février prochain, revendiquent notamment la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus arrêtés lors des dernières émeutes qu'a connues le pays et l'ouverture des champs politique et médiatique. Seulement malgré l'insistance de ces rumeurs, l'annonce n'a pas été faite. Hier encore, on a fait circuler les mêmes informations, mais sans que cela ne soit vérifié. Une question revient en effet sur toutes les lèvres : pourquoi de telles rumeurs ? S'agit-il d'un ballon-sonde ou traduisent-elles un éventuel remue-ménage au sommet de l'Etat ? Certains vont jusqu'à soutenir que des tiraillements sont nés autour du remplaçant du Premier ministre ; d'autres préconisent que le successeur d'Ahmed Ouyahia se donne le temps de trouver les personnes qu'il faut pour constituer son équipe… Mais ce ne sont encore que des supputations. Ce qui est certain, par contre, c'est que les derniers événements qu'a connus le pays ont ébranlé certaines certitudes du régime. Cela lui a donné peut-être à réfléchir pour tenter ainsi de trouver des soupapes, mais à ne pas s'y méprendre, pour sa propre survie, devant une mobilisation citoyenne qui prend de l'ampleur.