Si ailleurs, dans les pays développés, les soldes sont des événements phares, en Algérie, elles sont réduites à leur plus simple expression. Les soldes 2011 sont réglementées par la loi de modernisation de l'économie. La date des soldes d'hiver 2011 est fixée du 18 janvier au 28 février prochain, dans la wilaya d'Alger. La durée des rabais s'étend sur une période de 6 semaines, une période durant laquelle seront pratiquées les 2es démarques, puis les 3es. Une petite virée du côté de certaines grandes artères de la capitale suffit pour constater que la politique des soldes n'est pas encore ancrée dans la mentalité aussi bien chez les commerçants que chez le public. Si certains commerçants ont orné leurs devantures avec des affiches aguicheuses et aux pourcentages fluctuants, il n'en demeure pas moins que d'autres réfutent cette idée de soldes en ce début d'année, où l'inflation du marché est de mise. De la rue Didouche Mourad à la rue Larbi Ben M'hidi, le regard est happé par cette prolifération d'enseignes nationales et de franchises étrangères. L'ensemble des vitrines est tapissé d'affiches de différentes dimensions sur lesquelles on peut lire entre autres «soldes de 25% à 70%», «1re démarque» ou encore «promotion». La confusion et l'amalgame sont de mise. Entre les réclames «soldes» et «promotions», le potentiel client ne sait plus à quel saint se vouer. Certains propriétaires de magasins de vêtements ont certes adhéré au principe des soldes, mais ont omis d'indiquer l'ancien et le nouveau prix. Du coup, le client est perplexe. D'autres affichent sur leur devanture le mot «soldes», alors qu'en fait il s'agit de ventes promotionnelles. Comme en témoigne ce magasin de prêt-à-porter pour femmes qui propose qu'à l'achat d'un article, un deuxième est gratuit. Une autre enseigne nationale, spécialisée dans la chaussure et les sacs, annonce la couleur, dès le seuil de la boutique, en indiquant qu'à l'achat d'une paire de chaussures, la deuxième est cédée à 30% de son prix, la troisième à 40% et la quatrième à 50%, de quoi attirer les collectionneuses de belles pompes. Le propriétaire d'un magasin, spécialisé dans les sacs et les foulards made in, à la place Audin, avoue qu'il n'est pas concerné par le vent des soldes. «Je ne peux pas me permettre de procéder aux soldes, car ma marchandise est la nouvelle collection automne-hiver 2011. Cette marchandise me revient excessivement cher. Il faut savoir que c'est une marchandise qui est acheminée de Marseille à Paris pour ensuite rentrer au pays. Il faut également tenir compte de la fluctuation de la devise. Je pense que mes clientes sont largement satisfaites des prix pratiqués». Que ce soit au niveau du bazar du 1er Mai ou au niveau des nouvelles Galeries algériennes de la rue Meissonnier, les promotions sont à l'honneur tout au long de l'année. En redescendant vers la rue Hassiba Ben Bouali en passant par la rue Belouizdad, peu de magasins se sont mis à l'heure des soldes. La plupart des commerçants n'ont pas mâché leurs mots pour affirmer que leurs marchandises sont vendues au fur et à mesure. Pas de place aux anciens stocks. Une vendeuse d'articles turcs argue que les Algériennes sont très friandes de la mode. «Nous essayons d'être dans l'air de la mode. Tous les articles exposés actuellement sont des articles qu'on vient juste de dédouaner. Nous ne pratiquons ni soldes ni promotions mais évidemment nous concédons des remises à la caisse». En remontant vers le quartier de Sidi Yahia ou encore à Staouéli, le terme solde est en inadéquation avec les articles proposés. En dépit d'un petit rabais octroyé sur certains articles, les prix restent inabordables pour les bourses moyennes. Ironie du sort, du côté ouest d'Alger, les commerçants ne semblent pas être au courant de la pratique des soldes. A la direction du commerce au niveau de la wilaya, la direction continue d'examiner les dossiers des commerçants souhaitant participer à cette opération. Les soldes, nous dit-on, ne sont pas assujetties à l'obligation. Le directeur du commerce de la wilaya d'Alger, Youcef Lamari, indique que depuis dix jours il a été procédé à la réception de 75 demandes émanant de commerçants de détail qui veulent solder leurs marchandises. Notre interlocuteur tient à avertir que les ventes promotionnelles sont également soumises, au préalable, à des autorisations en bonne et due forme. Pour rappel, l'année dernière, cinq commerçants ont été verbalisés compte tenu du non-respect de la réglementation en vigueur. «Tous les commerçants ayant opté pour les soldes sont astreints à mentionner les anciens et les nouveaux prix sur leurs articles. Des contrôles rigoureux seront effectués par les agents de la direction du commerce pour vérifier si les commerces affichant des pancartes ‘‘soldes'' sont bien ceux autorisés par nos services. Des procès-verbaux d'infraction à la loi seront dressés à l'encontre de tout commerçant ne justifiant pas de cette autorisation ou envers ceux qui ne respectent pas les dates légales des soldes. La culture des soldes fait terriblement défaut chez les opérateurs commerciaux», argumente-t-il. Il est à noter, par ailleurs, que la période des soldes d'été, selon l'arrêté de la wilaya, est prévue du 21 juillet prochain au 31 août.