A Alger, les soldes d'été ont commencé le 21 juillet pour prendre fin le 31 août. Officiellement, l'heure est aux bonnes affaires. Seulement, cette année, la première démarque ne semble pas emballer les consommateurs. La coïncidence du mois sacré avec la date d'application des soldes sur la marchandise du prêt-à-porter semble être une contrainte pour les ménages, qui préfèrent consacrer leur budget mensuel, a priori, aux produits alimentaires. Malgré les affiches qui garnissent les vitrines de la plupart des magasins longeant Didouche Mourad, Hassiba Ben Bouali ou encore Mohamed Belouizdad, annonçant la baisse des prix de leur marchandise, la fréquentation des magasins d'habillement n'a pas évolué. Contrairement à l'année dernière, les soldes n'ont pas eu beaucoup d'effet. Peut-être parce que les dépenses faites spécialement la veille de Ramadhan ont carrément anéanti la fièvre acheteuse du vestimentaire, en cette période propice. D'autant plus que même avec les rabais pratiqués, les prix des articles proposés ne sont pas à la portée de tout le monde. Il s'agit la plupart du temps d'une réduction allant de 100 à 200 DA. Une réduction jugée dérisoire spécialement pour les consommateurs qui ont le regard rivé sur l'évolution des mœurs de consommation en Occident, où la période des soldes constitue un rendez-vous incontournable. Les vendeurs consentent les réductions les plus folles, allant jusqu'à brader certains articles jusqu'à 10%. Les commerçants occidentaux attendent eux également cette période pour écouler leur marchandise stockée et céder la place aux nouvelles collections. En Algérie, les commerçants ne font, au contraire, aucun effort pour écouler leurs stocks et préfèrent les emmagasiner. Constat fait : les mêmes articles sont souvent proposés l'année d'après à des coûts parfois plus élevés. Pour sa part, le consommateur est de plus en plus déçu par les promotions insignifiantes. «Je ne peux pas toucher au capital. Les réductions que je peux faire vont de 100 à 400 DA, c'est déjà pas mal, non ?», s'explique un commerçant de prêt-à-porter pour femmes. Et d'ajouter : «Je préfère ne pas vendre que brader mes articles.» Certains vendeurs n'affichent pas les réductions opérées mais plutôt les prix fixes des articles proposés, ajoutant sur la même affiche «Prix choc !». Alors, peut-on réellement parler de solde pour un article valant 6000 DA ? Une pratique non ancrée dans les mœurs Il est vrai aussi que la pratique des soldes n'est pas encore ancrée dans les meurs algériennes puisqu'elle a été imposée récemment avec l'économie de marché puis la mondialisation. Cette évolution de la situation économique a fini par faire adopter à distance les soldes comme un mode de consommation à part entière. Preuve en est, la promulgation du décret exécutif fixant les conditions et les modalités de réalisation des soldes. Selon les commerçants d'articles d'habillement et de textile, le manque d'engouement est lié directement «à la crise économique qui a frappé de plein fouet l'économie algérienne». Les professionnels du secteur évoquent la coïncidence du mois de Ramadhan avec la période des soldes. Les chaînes étrangères d'habillement représentées en Algérie, comme Levis, Dixit, Actua, Puma, Best Mountain, Kiabi... placardent comme d'habitude des promotions tentantes allant de 20 à 70% de réduction. Les jeudis et samedis, c'est littéralement le rush. Des soldes sont pratiquées sur tous les rayons. Les vitrines des enseignes Dixit, Rabie et Narimane sont ornées d'offres qui captivent les regards des passants. Ces derniers sont souvent déçus, une fois à l'intérieur du magasin, en se rendant compte que les prix sont loin d'être accessibles. D'ailleurs, la plupart des clientes rencontrées ressortent les mains vides à cause de la flambée des prix. Les vendeurs prévoient cependant d'enregistrer plus de vente lors de la deuxième démarque des soldes, même si le choix sera limité. Ils entendent à travers cette initiative liquider leur ancien stock de marchandises pour réceptionner la nouvelle collection. Pour le moment, un large choix de vêtements et de chaussures pour femmes, hommes et rarement pour enfants. La raison est simple, l'Aïd est aux portes et c'est le moment opportun pour les commerçants de faire des gains considérables. Actua a consenti pour la première démarque des prix réduits, qui demeurent toujours inaccessibles. Mais on peut toujours trouver quelques bonnes affaires. La boutique Coin Bébé, sise à Didouche Mourad toujours, affiche des offres à saisir, comme de beaux tee-shirts à 500 DA, des grenouillères à 200 DA… En revanche, les magasins d'habillement pour hommes font des remises très attrayantes. Tout le long du boulevard Hassiba Ben Bouali, des magasins proposent des tee-shirts de bonne qualité entre 400 et 600 DA, des pantalons à 1000 DA. La réglementation en Algérie Les opérations de vente promotionnelle de soldes et de liquidation de stocks à Alger sont pratiquées deux fois par an (automne/hiver, printemps/été), suivant le décret gouvernemental n°06.215, signé à l'ère de Abdelaziz Belkhadem, un certain 18 juin 2008. Cette loi a été instituée suite à l'anarchie qui régnait dans le marché des soldes, où les commerçants annonçaient des soldes à leur guise. Il a été institué que «les ventes en solde sont autorisées deux fois par an pour une durée continue de six semaines et doivent intervenir durant les saisons hivernale et estivale». Ces ventes sont lancées durant les périodes comprises entre les mois de janvier et de février pour la période hivernale (du 19 janvier au 29 février) et entre les mois de juillet et d'août pour la période estivale (du 21 juillet au 31 août). Le décret stipule que «les ventes en solde ne peuvent porter que sur des biens acquis par l'agent économique depuis trois mois au minimum à compter de la date du début de ces ventes». Les commerçants algériens ou étrangers qui veulent en profiter doivent se rapprocher des services du ministère de Commerce pour retirer l'autorisation leur permettant d'appliquer des soldes sur la marchandise exposée à la vente, après le dépôt d'une demande déterminant les produits qui seront soldés en signalant les anciens et les nouveaux prix. L'habillement est entré ainsi dans le cycle des collections (automne/hiver, printemps/été) et les revendeurs sont contraints de renouveler sans cesse leurs stocks sous peine de disparaître.