Le Caire Au moment où leur père Hosni jouait, hier au Caire, le dernier quart d'heure pour sa survie, ses deux enfants, Alaâ Edine et Gamal Moubarak, se sont enfuis à Londres, selon des informations données par la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera. Ils ont rejoint l'Angleterre avec leurs épouses. Gamal Moubarak devait succéder à son père. Le sujet avait occupé le devant de la scène politique égyptienne il y a quelques mois et la situation a failli dégénérer avant cette semaine. Le président Moubarak a été jusqu'à annoncer qu'il sera candidat à sa propre succession pour calmer un tant soit peu les esprits. L'on comprend bien aujourd'hui pourquoi le maître du Caire n'a pas pourvu le poste de vice-président comme le stipule la Constitution. Il le prédestinait en réalité à son fils Gamel. Depuis plusieurs années, ce dernier montera en flèche dans l'organigramme du Parti national démocratique (PND) au pouvoir. Il y occupe un rôle central, en tant que secrétaire chargé des politiques générales. C'est en fait le vrai patron de ce parti dont le père Hosni est président. Le chef de l'Etat égyptien âgé de 82 ans, dont 29 ans au pouvoir, malade, voulait léguer la présidence en héritage à son fils. Et les dernières élections législatives, – émaillées de fraudes et très contestées par l'opposition –, où le PND avait raflé la majorité, étaient une sorte de répétition générale pour le scrutin présidentiel de décembre prochain. Tout a été verrouillé pour que ce scénario aboutisse. La loi électorale, cousue de fil blanc au profit de Gamal Moubarak, exige d'un candidat indépendant à la magistrature suprême d'obtenir le soutien de 250 élus, dont au moins 65 membres de l'Assemblée nationale, 25 membres du Conseil consultatif et au moins dix élus des conseils municipaux. Il manquait juste de lui dérouler le tapis rouge. Alaâ Moubarak, fils aîné du président, est le bras droit de son frère. Grande gueule, Alaâ est lui dans les affaires. Il est aussi l'homme des coulisses et de la sale besogne, il gère une cour aussi large que variée d'affidés. Par ailleurs, il n'y a pas que les membres de la famille Moubarak qui ont quitté Le Caire, les Sawiris, propriétaires du groupe Orascom auraient également fui le pays.