Jeudi, le vénérable théâtre municipal de Tunis a abrité comme le veut la tradition la cérémonie d'ouverture des 12e JTC.Mais contrairement à la coutume, le coup d'envoi s'est drapé de sobriété s'éloignant de l'apparat et du clinquant. Le protocole était quasiment absent et les officiels s'étaient faits discrets. De la sorte, la scène n'a été foulée que par les artistes. Le premier d'entre eux a été Mohamed Driss qui revient cette année à la tête des JTC. Il les avait dirigées par deux fois auparavant. Sa brève allocution de bienvenue aux participants a été suivie par un court spectacle de circonstance. Peu aboutie au plan de la réalisation, marquée par la puérilité dans sa conception, la prestation n'a malgré tout pas manquée de charrier de l'émotion. Son mérite est certainement d'avoir mis à l'honneur les élèves de l'école nationale des arts du cirque, une nouvelle institution relevant du théâtre national tunisien et fondée à l'initiative du directeur de ce dernier pour “jeter une passerelle entre le IVe art et le cirque. En fin après un entracte, les JTC sont entrées dans le vif du sujet avec Sogolon, un spectacle de Côte d'Ivoire s'appuyant sur l'art du griot et de l'épopée. Mais qu'aura-t-on retenu de la première journée ? Sans conteste le trac qui avait saisi Mohamed Driss malgré sa longue et riche carrière d'homme de carrière couronnée par 17 années à la tête du Théâtre national tunisien. D'aucuns l'ont mis au compte du poids écrasant qu'il porte dans la nouvelle orientation imprimée aux JTC avec pour pari les décrasser et leur impulser un nouveau souffle. A cet égard, la thérapie de choc annoncée juste à la veille de cette édition n'a pas manqué de soulever des critiques. Ainsi, la compétition autour d'un palmarès et de ses très convoités prix a été supprimée. Mais l'on peut à juste raison déplorer l'abandon de cet aiguillon à l'émulation, il n'en est pas moins vrai qu'au fil des éditions le palmarès s'écartait des critères artistiques pour se fourvoyer dans des considérations diplomatiques. Pis, cette dérive avait même encouragé les pays participants à imposer des troupes qui ne représentaient pas ce qu'il y avait de meilleurs chez eux. C'était par exemple le cas de l'Algérie qui cette année a eu la sagesse de se désengager de cette voie. L a question qui se pose alors est de savoir si la rupture avec la compétition va entraîner l'échange et le dialogue sur lesquels misent les nouveaux organisateurs. La 2e caractéristique de cette édition met sur le devant de la scène les femmes de théâtre en tant qu'« écrivains, metteurs en scène, actrices, techniciennes ou directrices de théâtre ».Elles seront là, présentes au sein des 7 sections que le festival a mis en place pour déployer les 40 spectacles venant de 16 pays. A cet égard et 3e trait de cette session, contrairement au passé, ce sera une chose formidable pour un théâtre tunisien en verve, une ancienne revendication des artistes tunisiens. Aussi pas moins de 17 de leurs spectacles ont été programmés, ce qui leur offrira l'opportunité de se faire valoir pour les besoins de leur diffusion. Le 2e pays présent en force est la France avec 8 spectacles dont quatre coproductions. La Palestine est en 3e position avec trois spectacles. Le Liban et la Syrie sont présents avec deux spectacles chacun. Quant à l'Algérie,à l'Egypte, au Maroc, à la Jordanie et à l'Irak, ils sont représentés par un spectacle chacun. Par ailleurs, Hong Kong, l'Autriche, l'Italie et la Belgique sont également venus avec un spectacle, les deux derniers ayant en outre une coproduction. Enfin il y a lieu de relever que la sélection n'a pas dérogé à l'option dans laquelle les JTC se sont impliquées depuis plusieurs éditions. Celles-ci consistent à encourager l'émergence d'un théâtre ouvert sur « les autres expressions, la musique, la danse le chant, les arts plastiques et la littérature, le tout voué à un spectacle vivant mettant à contribution les technologies de pointe ». Mais, tenant d'une école du théâtre opposée à ceux qui tenaient les rênes des JTC jusqu'alors, les nouveaux responsables précisent que l'innovation ne doit pas se faire au détriment de l'identité et de l'humanité du théâtre.