Malgré un bond quantitatif appréciable en matière d'élevage camelin, l'Algérie reste le parent pauvre de la communauté scientifique internationale vouée à la caméléologie. Selon le docteur Abdelkader Adamou, chercheur au laboratoire de protection des écosystèmes dans les régions arides et semi-arides de l'université de Ouargla, l'étude bibliométrique réalisée en 2000 ne donnait aucune place à l'Algérie qui n'apparaissait guère dans le classement des pays par leur nombre de publications dans le champ de la caméléologie. Cependant, les pays voisins étaient parmi les pays les plus présents. Le Maroc à la 7e place, la Tunisie à la 11e et la Libye à la 15e. A Ouargla, où la caméléologie est l'une des principales thématiques de recherche, les derniers chiffres rendus publics par la chambre d'agriculture de Ouargla concernant l'évolution positive du cheptel passant de 30 000 à 50 000 têtes en cinq ans, vont pousser les chercheurs à renouveler leur doléance de toujours : la création d'une station de recherche cameline. L'existence d'un cheptel en évolution constante d'espèces rustiques adaptées au Sahara Algérien, les plus emblématiques étant le Chambi et le Targui, un engouement pour une viande et un lait bio très favorables à une alimentation saine vu leur teneur minime en cholestérol, une profession d'éleveurs organisée dans la plupart des zones de production et une communauté scientifique très consciente. Pour Dr Adamou, la question, aujourd'hui, n'est plus de disserter sur la nécessité d'une telle structure, mais de savoir qui de l'INRAA (institut national de la recherche agronomique d'Algérie) ou du CRSTRA (Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides) en prendra l'initiative afin de permettre à notre pays de valoriser le dromadaire en tant que source de protéines et contribuer à atténuer le déficit en viandes rouges, et non pas comme un animal de loisirs et de course. Selon nos chercheurs, le dromadaire devait être amené à passer d'un état de capital ou réserve d'argent qu'on puise jusqu'à épuisement à un état de moyen de production à une échelle régionale puis nationale. Sachant que des pays européens comme la France, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne publient beaucoup plus sur le dromadaire qu'un pays largement saharien comme l'Algérie ! A Ouargla, il semblerait que l'université émergente de Kasdi Merbah veuille être le berceau d'une réflexion sur le sujet. Outre sa focalisation sur les systèmes d'élevage, l'alimentation, la reproduction, la production de viande mais aussi de lait du dromadaire, voire la fabrication de produits dérivés tels que le fromage de chamelle, un nouveau projet de recherche se consacre à la valorisation des productions animales issues de différentes espèces animales élevées dans les régions sahariennes tel que le camelin, le caprin et l'ovin local adapté et prolifique. L'objectif est de préserver les espèces rustiques et celles introduites, les replacer dans leur véritable sillage en matière de conduite d'élevage, notamment pour ce qui est du bovin laitier moderne, l'aviculture, l'apiculture, la cuniculiculture et enfin l'aquaculture saharienne. Les chercheurs tendent à proposer le concept de terroir sur lequel sera fondée la mise en place d'un label basé sur une tradition et un enracinement culturel forts réévalués et sur un mode de production durable.