Les spécialistes ont présenté un état des lieux peu reluisant de ces infrastructures gérées généralement par un personnel non versé dans le domaine. Un colloque national sur le rôle, l'importance et la situation des bibliothèques scolaires, a été organisé par l'association Rawafed Thakafia (confluents culturels) en début de semaine, à la maison de la culture Redha Houhou de Biskra, en collaboration avec la direction de la culture. Les communications ont été présentées par des professeurs en sciences humaines et des spécialistes en bibliothéconomie. Partant d'études de terrain et d'enquêtes approfondies, le Dr Nadjia Guemouh dépeindra, dans son intervention, un tableau peu reluisant de l'état des bibliothèques scolaires du pays. Elle dira que ces espaces demeurent marginalisés et en deçà des normes mondiales. Ce qui les empêche de jouer pleinement leur rôle dans la formation et l'instruction des jeunes générations auxquelles le goût de la lecture, et partant l'amour du livre doivent être inculqués dès la plus tendre enfance. «Chaque établissement scolaire est en principe doté d'une bibliothèque, mais force est de constater que rares sont celles qui répondent aux attentes et aux besoins des enfants et des adolescents scolarisés», a-t-elle précisé. Au chapitre des déficiences, elle citera la pauvreté des titres et leur étalage aléatoire dans des locaux non appropriés, l'incompétence de l'encadrement technique et l'absence de matériels audiovisuels. Le thème des bibliothèques scolaires dans l'environnement numérique sera développé par le Dr Abdelmalek Bensebti. Pour lui, le livre, dans sa forme actuelle (codex), continuera d'exister même si les technologies de communication le concurrencent farouchement. Il prône la modernisation des bibliothèques par la connexion au monde virtuel, ce qui permettra au lecteur d'utiliser tous les supports pour l'acquisition du savoir, les recherches et la fixation des informations. Il appelle également à l'intégration effective des bibliothèques scolaires dans la démarche éducationnelle nationale et la mise de celles-ci au cœur du projet scolaire. Si en France, les bibliothèques scolaires sont «un outil pour accompagner l'acte d'apprendre », en Angleterre, «un véritable centre d'apprentissage», et en Amérique du Nord «un laboratoire de construction et d'acquisition du savoir», elle ne sont que des lieux sans âme et sans vie en Algérie, fera constater le Dr Saïd Bouafia dans son intervention axée sur les perspectives de développement des bibliothèques scolaires. Celles-ci, dira-t-il, sont loin de ressembler à «un essaim d'abeilles» tant l'activité y est réduite ; il reproche à l'école de ne pas inculquer aux apprenants les techniques de recherche et de collecte de l'information, livrant ainsi à l'université des cohortes de jeunes n'ayant jamais lu un livre et qui ne disposent pas de l'esprit d'autonomie leur permettant de s'acquitter de leurs tâches d'étudiants. «Un peuple qui lit ne souffrira jamais ni d'oppression ni de famine», a-t-il conclu.