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Calife à la place du Calife ?
Omar Souleiman. Vice-président de la République arabe d'Egypte
Publié dans El Watan le 03 - 02 - 2011

«On a craché à la figure du lâche, il dit : il pleut !...»
Le Caire est en pleine effervescence. Le monde a les yeux braqués sur l'Egypte. Mais si l'on guette la moindre réaction du Raïs qui, faisant fi du bruit et de la fureur qui se sont emparés de la rue poursuit son «règne» comme si de rien n'était, beaucoup scrutent les faits et gestes de ce général de 74 ans, au visage souvent dissimulé derrière d'inquiétantes lunettes noires, qui reste un personnage peu connu. Mais est-ce la vocation d'un homme de l'ombre de se montrer en pleine lumière ?
La télévision le montre périodiquement, notamment dans sa médiation dans le conflit israélo-palestinien, en train de serrer des mains, avec un large sourire, se donner l'air d'avoir rempli sa mission, alors que dans les faits, il n'est arrivé à rien de concret. Il a en tout cas l'aval des Israéliens, des Américains et même des Palestiniens.
Homme clé, Omar est issu de l'armée, marque de fabrique et nécessité des derniers présidents égyptiens. L'armée aura un rôle majeur dans la direction du pays. Et, bien qu'elles réclament le changement à cor et à cri, les foules vont se rendre à l'évidence, il n'y aura pas de changement de régime, mais dans le régime.
Omar, intronisé vice-président, va gérer la transition. Il ne jouit pas de la confiance des masses qui se sont soulevées, ni des 24 partis politiques bien que les deux seuls partis qui comptent au pays des Pyramides sont celui du pouvoir et de l'armée. «Ses cheveux tirés en arrière, le front large et son élégance raffinée, qui cache une certaine cruauté, me font penser à l'acteur qui joue aux côtés de Leonardo di Caprio le rôle du chef d'un service arabe dans le film Mensonges d'Etat», note un de ses interlocuteurs français qui se dit volontiers «fasciné» par l'homme. Mais qui est donc cet homme censé être secret comme le job qu'il exerce, mais qui se montre avec ostentation ?
Un homme secret
Il est né dans la Haute Egypte, fief d'Anouar Sadate, en 1936. En 1952, à 19 ans, alors que l'Egypte s'émancipait de la monarchie avec l'avènement des officiers libres, Souleiman entame des études supérieures à l'Ecole militaire du Caire, complétées en Union soviétique et parachevées par une licence en sciences politiques.
De son séjour en URSS, il garde l'intransigeance de ses instructeurs, la rigueur dans les exercices et la technicité des officiers soviétiques. Mais lui qui a participé aux deux guerres contre Israël, en 1967 et en 1973, se souvient aussi de «ces conseillers militaires russes qui ne voulaient surtout pas risquer leur vie pour défendre l'Egypte». Sa formation à Moscou n'a pas eu d'impact sur ses convictions idéologiques. Il choisira carrément son camp, celui de l'Occident et affichera volontiers son anti-communisme.
Au début des années 1980, précisément quand Moubarak prend le pouvoir, Souleiman verra sa carrière prendre une autre trajectoire. Il devient le patron des renseignements militaires, avant d'être promu, en 1993, chef de la toute puissante police secrète du régime égyptien. A ce titre, il en est le serviteur dévoué, mais aussi et surtout une pièce maîtresse. Le 21 juin 1995, il sauve la vie à Moubarak qui lui en est toujours reconnaissant. Il lui avait conseillé de faire acheminer une Mercédès blindée pour son déplacement à Addis-Abeba à un sommet panafricain. En embuscade, des terroristes islamistes, venus du Soudan, tirent sur le véhicule, le chauffeur est tué sur le coup, mais le Raïs s'en sort indemne.
Souleiman sollicitera les services français qui convaincront Khartoum de lui livrer les assaillants. Juste renvoi d'ascenseur : quatre ans plus tôt, c'est grâce à lui que Paris avait arraché la libération d'otages retenus par Abou Nidal en Libye. Selon Malbrunot, journaliste du Figaro : «Souleiman a un atout précieux : sa longévité à la tête du contre-espionnage égyptien lui a permis de bâtir un des meilleurs réseaux d'agents dans le monde arabo-musulman. Ses limiers sont à Ghaza, alors que la plupart des services occidentaux ou arabes ont déserté le territoire. Ils sont également présents dans le Golfe ou en Irak, alors que les diplomates égyptiens ne peuvent s'y rendre depuis la chute de Saddam en 2003. Son sens aigu des intérêts de l'Egypte lui fait partager les mêmes ennemis que ses homologues occidentaux : l'Iran nucléaire et la pénétration chiite dans les sociétés arabes sunnites, les filières des Frères musulmans à travers le monde, et bien sûr la mouvance Al Qaîda avec de nombreux Egyptiens dans ses rangs qui a déjà frappé dans le Sinaï».
Il a sauvé Moubarak
En vérité, les attentats perpétrés ces dernières années en Egypte ont fourni à l'Etat égyptien un bon prétexte pour accentuer sa répression en terrorisant les citoyens qui deviennent des spectateurs passifs, alors que la situation économique et sociale est explosive. On estime le taux de chômage en Egypte à 30%, 50% de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté, sans parler de la torture policière couramment pratiquée, du pourcentage élevé de jeunes dans la population globale du pays et des élections régulièrement truquées. Un mélange détonant. Le référendum constitutionnel de 2005, par exemple, a été une véritable mascarade. Les Egyptiens ont administré une claque retentissante à leur régime corrompu et tyrannique que des dirigeants religieux continuent de soutenir.
Al Azhar suppôt du pouvoir
Le directeur de l'université d'Al Azhar avait déclaré sans rire que le boycott du référendum serait un péché assimilable à un refus de prononcer la profession de foi musulmane. Aucun argument, ni religieux ni rationnel ne peut justifier de tels propos.
Al Azhar parle beaucoup plus au nom du Parti national démocratique au pouvoir qu'au nom de l'Islam. Même le partriarche copte, Chenouda III, a appelé à soutenir la réforme constitutionnelle, pensant que la consolidation du régime en place empêchera l'arrivée au pouvoir des islamistes. Ce calcul est faux et dangereux, car l'extrémisme est le produit de la tyrannie et on ne peut en venir à bout qu'à condition d'accorder des libertés. Moubarak a longtemps joué sur le clivage islamisme et démocratie qui servent d'alibi au régime. Pour contrecarrer l'ascension des Frères musulmans, on agite l'épouvantail «démocrate» et vice versa. Pour avoir instrumentalisé la religion trois décennies durant, jusqu'à faire de l'Etat égyptien une quasi-théocratie, le régime s'est trouvé dans le pétrin dans lequel sa propre politique l'a enlisé.
Mais quoi qu'on dise, le pouvoir en Egypte s'appuie sur l'armée et non sur la famille du président.En Egypte, le parti au pouvoir remportait immanquablement plus de 95% des voix selon un procédé de démocratie caricatural qui a fait d'«Oum Eddounia» la risée du monde entier. «Même les prophètes sont incapables d'atteindre une telle popularité. Même le Christ n'avait obtenu la loyauté que de 9 apôtres sur douze, c'est-à-dire un soutien de 75% parmi ses propres compagnons.» Comme écrit plus haut, en 2005, le régime avait essayé de faire croire qu'il voulait vraiment aller de l'avant dans les réformes démocratiques. Mais les promesses avaient été trahies, et lorsque Condoleeza Rice, en visite au Caire, a exprimé une certaine déception devant la tournure des réformes démocratiques, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Abou el Gheit, a déclaré que l'Egypte ne pouvait accepter aucune ingérence dans ses affaires intérieures, fût-il son ami.
Les héros de la 25e heure
Lorsque les langues se délient, il se trouve un ancien chef de cabinet du Raïs «héros» de la 25e heure, mais qui assume ses lâchetés pour dire que «chaque jour, on préparait une revue de presse pour le président afin qu'il puisse s'imprégner de la situation dans le pays. Il ne se donnait même pas la peine de la feuilleter. Il était complètement détaché des réalités. Il vivait dans un autre monde. Comment voulez-vous qu'il puisse se soucier de la misère du peuple et de ses conditions dramatiques ?» Les conséquences de la colère sont beaucoup plus graves que ses causes. Quel avenir pour un pays entre les mains de politiques imbus de leur personne, repliés sur eux-mêmes et obsédés par la puissance.
Des pharaons de pacotille qui veulent se donner l'illusion de régner sur tout, même sur les consciences, comme Moubarak, tancé par le Premier ministre turc qui lui a rappelé que nul n'est éternel en l'exhortant hier, dans un discours, à redescendre sur terre. Le Caire, cœur battant du monde arabe ! La place Etahrir transformée en une énorme kermesse. La victoire est à portée de la main. L'heure de la libération a sonné. L'effigie de Moubarak désincarnée, étoile de David sur la cravate et des dollars plein la poche. La foule l'a déjà jugé et exigé sa pendaison. Les manifestants marchent sur son visage en se passant la consigne : «Attention, tu vas te salir les pieds !». Pitoyable image d'un homme qui s'est longtemps coupé de son peuple, en le traitant avec mépris, en le maltraitant et qui ne récolte aujourd'hui que la haine qu'il a semée. «Honni Moubarak», scandait la foule après son ultime discours. Ce n'est pas seulement le monde arabe qui tremble, mais l'onde de choc a touché d'autres contrées.
«La globalisation ajoutée à des régimes autoritaires est un mélange détonant imprévisible qui peut faire voler en éclats bien des certitudes», a résumé l'ancien ministre des Affaires étrangères français, Hervé de Charette. Le peuple égyptien a montré qu'il aspirait à plus de justice et de démocratie. L'Egypte est une puissance régionale et un pays qui compte, ses liens avec l'Etat hébreu vont-ils en pâtir ? Israël a bien des raisons de s'inquiéter.


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