L'été 2003, l'APC de Tidjelabine a cédé en location à une Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) domiciliée à Alger l'un des plus grands marchés de voitures du centre du pays. D'une superficie totale de 12 ha, le marché a été loué à 26,1 millions de dinars par an, pour une période de 3 ans avec l'obligation faite au locataire de s'acquitter mensuellement de 1/12 du coût total de la location. Mais à vrai dire, cet important espace de transactions n'a de marché que le nom. En effet, ce n'est ni plus ni moins qu'un champ que lient à l'autoroute (RN 5) des accès accidentés. Cela est peut-être le résultat de l'article 10 du contrat qui stipule que le locataire ne peut réclamer le remboursement des frais qu'il aurait décidé d'engager dans quelque aménagement que ce soit. Et que toute nouvelle installation dans le marché reviendrait forcément à l'APC à la fin du contrat sans que celle-ci ne rembourse les frais engagés. D'où peut-être, l'obligation qui devait être faite à l'assemblée de proposer un produit qui respecte les normes. Car plus de dix ans après son lancement, le marché de Tidjelabine n'est point organisé. Les citoyens qui y proposent leurs véhicules à la vente stationnent dans tous les sens, bloquant tous les accès, de sorte qu'il devient impossible à ceux qui se trouvent à l'intérieur d'en ressortir quand ils veulent. Par conséquent, tout le monde quitte la marché au même moment, généralement vers midi, créant beaucoup d'encombrement sur l'autoroute. Ce qui est loin d'arranger les usagers de cet important axe routier qui dessert tout l'Est algérien à partir d'Alger, et qui ne facilite point la mission de la gendarmerie qui doit veiller sur l'ordre public et la sécurité autour de cet endroit tous les jeudis. « Avec 400 DA comme droit de stationnement pour chaque véhicule léger, sans parler des poids lourds pour lesquels on paye presque le double, on peut facilement imaginer combien d'argent on gagne ici. Mais regardez, on n'a même pas pensé à faire des carrés et laisser des voies de circulation toujours libres. Il se peut bien qu'il y ait des cas d'urgence dans un lieu que fréquentent des milliers de citoyens. L'Algérien est méprisé ! On mérite mieux que ça », s'indigne un citoyen que nous avons rencontré. Et un autre d'ajouter : « Pourquoi n'a-t-on pas goudronné toute cette surface qui, je suis sûr, rapporte des sommes colossales pour les deux parties : l'APC et le gérant ? Même des accès pour la Protection civile, les ambulances ou les forces de sécurité en cas de besoin ne sont pas aménagés. On s'arrête n'importe où, garant sa voiture n'importe comment (...) c'est inacceptable. » Un sexagénaire venu vendre sa Mégane nous déclara, non sans ironie : « Regardez où les gens font leurs besoins et vous aurez une image très nette sur ce qui est le marché de Tidjelabine. Partout, en plein air, les plus scrupuleux vont dans l'oued. » Après une pause ponctuée d'un soupir qui traduit tout son dépit, il ajoute : « J'ai parcouru toute la France, où je vis depuis plus de 40 ans, et jamais je n'ai trouvé un espace public sans toilettes. Qu'est-ce que cela coûterait à l'APC ou au gérant ? Au contraire, ça peut être rentable, car c'est généralement payant. » Son compagnon renchérit en disant : « Au marché, il doit y avoir un centre de police, ou autre corps de sécurité, un centre de secours... tout ça. » L'autre problème que nous avons pu y constater, c'est l'absence d'une passerelle sur l'autoroute qui puisse permettre aux citoyens de traverser d'un côté à un autre sans risquer leur vie. Ils sont en effet des centaines à traverser la route, mettant en péril leur propre vie. Pourtant, des articles du contrat de location stipulent très clairement que l'entretien, l'hygiène et la sécurité doivent être assurés par le locataire ainsi que la quiétude des citoyens qui fréquentent le marché et que l'APC « se réserve le droit de résilier le contrat si une de ses clauses n'est pas respectée ».