Les sources de la collection de Skikda remontent, comme le prouvent beaucoup de références, aux années 1930. C'est Marie Cuttoli, épouse Paul Cuttoli, député-maire de Philippeville (Skikda), qui força un peu la main à son mari pour doter l'hôtel de ville de toiles et de tapisseries. Marie tenait la galerie Myrbor dans le quartier de la Madeleine. Déjà, elle fréquentait Picasso, Matisse, Jean Cocteau, Le Corbusier et d'autres figures de la belle époque parisienne. Elle passa son temps entre la villa Shady Rock à Antibes et Dar Meriem (l'actuel château Bengana de Skikda). Un château encore préservé et qui porte son nom comme le démontrent les calligraphies en lettres arabes. On a tenté après l'Indépendance d'arabiser son nom en «Palais Meriem Azza». Plusieurs toiles de valeur que compte encore la collection de Skikda avaient été sélectionnées et recommandées par Marie à son mari, davantage tribun qu'artiste. C'est elle qui l'initia aux choses de l'art et au raffinement, ce qui l'amena à édifier de véritables chefs-d'oeuvre tels le château Dar Meriem, l'hôtel de ville, la gare ferroviaire et d'autres bâtisses toutes construites dans un pur style arabo-mauresque. Décédée en 1973, Marie était aussi connue pour avoir fait les beaux jours de la tapisserie moderne. Son nom reste souvent lié à Philippeville et aux manufactures de tapisserie d'Aubusson. C'est elle qui emmena des peintres de renommée à accepter de donner des cartons de tapisserie qui seront transformés par les ateliers d'Aubusson en véritables chefs-d'œuvre décoratifs.