Les décisions annoncées, avant-hier, à l'issue du Conseil des ministres, quant à la nécessité de préserver le pouvoir d'achat des citoyens et améliorer leurs conditions de vie s'apparentent davantage à de simples mesurettes qu'à des orientations à même d'apaiser les tensions socioéconomiques qui se font de plus en plus ressentir. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est ainsi évertué à instruire ses ministres de la nécessité de veiller à «la consolidation des dispositifs de régulation du marché face aux fluctuations des prix», laissant entendre que ces dispositifs sont déjà bien en place, l'enjeu étant juste de les consolider. Ainsi, alors que les effets pervers de la dérégulation commerciale et de la prédation économique continuent à exacerber la défiance populaire et à nourrir les sentiments de disparité sociale, l'Exécutif en place prône de simples mesures conjoncturelles pour stabiliser les prix de certaines denrées alimentaires. Le gouvernement prévoit en ce sens, en guise de mesure pour préserver le pouvoir d'achat des Algériens, «d'élargir, notamment aux légumes secs, le champ d'application du dispositif de stabilisation des prix des produits de base». En clair, les légumes secs, à l'instar du blé, du lait et, depuis peu, du sucre et de l'huile alimentaire devront être désormais accessibles à tous. Dans le même ordre d'idées, le chef de l'Etat suggère une concertation avec les opérateurs et les associations concernés, en vue d'un plafonnement des marges de prix applicables aux denrées en question et à leurs dérivés. De même, l'on prévoit une plus forte implication des pouvoirs publics «dans la régulation et l'approvisionnement du marché en produits alimentaires de base», une intensification de «l'encouragement du développement de la production agricole et agroalimentaire», mais aussi un renforcement des organes de contrôle commercial «pour un meilleur encadrement du marché». Autant d'annonces, en somme, qui s'apparentent davantage à des orientations de politique générale qu'à des mesures efficientes et porteuses d'amélioration concrète du niveau de vie des populations à court terme. Emploi et logement : Des engagements réitérés Au demeurant, dans un souci d'apaisement, les pouvoirs publics entendent différer – encore une fois – l'application des procédures liées à l'obligation du recours au chèque pour les montants égaux ou supérieurs à 500 000 DA, de même que celles relatives à la généralisation de la facturation à l'ensemble des transactions commerciales. Le communiqué du Conseil des ministres précise en ce sens que les conditions requises pour la mise en vigueur de ces dispositifs ne sont pas encore réunies. Dans une même optique d'apaisement, le président de la République a également instruit le gouvernement de veiller à alléger les formalités de transfert des petits commerces informels vers des espaces commerciaux appropriés. C'est dire qu'au vu de l'ampleur que prend le chômage des jeunes en Algérie, les petits commerces informels doivent être canalisés et encadrés plutôt qu'éradiqués, au risque d'attiser les tensions sociales. Aussi, à défaut d'une stratégie claire de lutte contre le chômage, le Conseil des ministres met en avant la nécessité de renforcer les dispositifs de soutien à l'emploi, déjà en place, en favorisant notamment l'accès aux micro-crédits et la mise en exploitation des locaux réalisés pour les jeunes au chômage. Autre urgence sociale, souvent à l'origine de protestations et d'émeutes ces dernières années, l'accès au logement qui a par ailleurs fait l'objet de nombreux engagements annoncés à l'issue de ce conseil. Il est notamment question d'accélérer l'affectation des logements déjà réceptionnés, de faciliter l'accès aux crédits immobiliers et de mettre en place, à échéance, un fonds de garantie de ces crédits. Des engagements souvent réitérés ces dernières années, alors que l'accès au logement continue à être très problématique, y compris pour les couches moyennes.