Outre le manque d'équipement et le déficit en encadrement médical, les différents services sont submergés par les malades, où l'on parle souvent de mauvais accueil, de bureaucratie et de procédés qui sont loin du serment d'Hippocrate. Le secteur de la santé à Souk Ahras fait parler de lui depuis des décennies, et les efforts consentis par les responsables qui assurent la gestion de ses services sont loin d'atteindre les résultats escomptés, à en juger des doléances affluant au bureau d'El Watan. Le nombre élevé des évacuations des malades vers les structures sanitaires de la wilaya de Annaba, fait partie du lot des anomalies qui collent à ce secteur depuis des lustres. Pour des soins intensifs en traumatologie ou en gynécologie, l'on fait souvent appel aux confrères de ladite wilaya, avec tout ce que cela suppose comme risques pour les malades lors de leur transfert, et gêne pour une wilaya censée répondre d'elle-même à ses propres besoins. Les différents services sont quotidiennement submergés par des malades qui débarquent des quatre coins de la wilaya où l'on parle souvent de mauvais accueil, de bureaucratie, de mauvaise prise en charge et de procédés qui sont loin de s'inspirer du serment d'Hippocrate. Soumeya Z, une jeune fille diabétique atteinte d'une rétinopathie et d'une autre pathologie rénale, est bousculée par le staff médical d'une structure hospitalière du chef-lieu de Souk Ahras qui lui refuse un contrôle médical recommandé, pourtant, par un confrère du même rang. Mehdi M., un homme âgé de 51 ans, qui avait contracté le virus de l'hépatite C lors d'une opération de don de sang, trouve du mal à suivre son traitement à cause des ruptures de stocks récurrentes. Il arrive très souvent aussi que les parents de personnes décédées dans des conditions non claires, nécessitant un examen d'autopsie, soient maintenus en suspens pendant plus de quarante-huit heures à cause de l'absence du médecin légiste. Le docteur Khaled Benkhelifa, le directeur de la santé et de la population de la wilaya de Souk Ahras, a déclaré lors d'une récente entrevue accordée à El Watan, que « la courbe du taux des évacuations des malades vers la wilaya de Annaba est déjà décroissante», et que la fin du mois de janvier est considérée comme une date butoir pour rompre avec cette manière de gérer que lui-même désapprouve et compte réprimer. Une relation de cause à effet a été mise en relief par le même responsable qui estime que le manque d'encadrement médical et de l'équipement engendre inéluctablement de telles situations. Or, le renforcement opéré récemment au niveau des différentes structures et l'acquisition d'un nouveau matériel plaident en faveur d'une meilleure prise en charge des malades de Souk Ahras. Renforcement en moyens humains et matériels Dans le cadre du renforcement des structures sanitaires, 16 polycliniques ont été ouvertes dans plusieurs zones enclavées notamment dans les communes de Taoura, Sédrata et Oum Laadhayem, et des points de garde sanitaires ont été implantés dans plusieurs régions éloignées du chef-lieu de la wilaya. Le lancement des études pour la réalisation d'une école paramédicale d'une capacité d'accueil de 300 places pédagogiques s'inscrit dans le même esprit. S'agissant des médecins spécialistes, la direction de santé de proximité (DSP) de Souk Ahras, qui en compte actuellement 104 répartis à travers les différentes structures des secteurs public et privé, a fait appel à la tutelle pour l'ouverture de 22 autres postes budgétaires au profit de la wilaya. La demande a déjà connu une réponse favorable. Au lieu d'un seul médecin légiste, le secteur en compte déjà deux; les médecins généralistes sont au nombre de 378 et l'acquisition des ambulances médicalisées fait partie d'un nouveau programme de modernisation des équipements du secteur. Le DSP qui se dit optimiste quant au redressement de son secteur, a déclaré ceci: «Nous considérons que le secteur de la santé à Souk Ahras est en phase de renforcement réel en moyens humains et matériels. Nous sommes également convaincus qu'il suffit de s'engager de manière efficace dans une logique de gestion responsable pour trouver solution aux différents problèmes qui minent la santé dans la wilaya.» Et d'ajouter: «Il existe des comportements négatifs chez certains praticiens et autres employés du secteur que nous rejetons au même titre que les citoyens pour peu que ces derniers s'impliquent par l'officialisation de leurs réclamations. Il nous arrive très souvent d'entendre parler de pratiques anti-déontologiques et autres, contraires aux textes en vigueur, sans pour autant recevoir des doléances officielles de la part de ceux qui se disent victimes de ces mêmes actes.» Concernant l'amélioration des mesures d'hygiène, le même responsable annoncera l'acquisition de 20 autoclaves pour prévenir la propagation du virus de l'hépatite C, ainsi que l'achat de 6 incinérateurs efficaces pour l'élimination des effets toxiques causés par les déchets brûlés. Ces derniers étaient, autrefois, incinérés à l'aide de brûleurs qui ne répondaient pas aux normes. Le retard constaté dans l'arrivée de certains médicaments a été expliqué par rapport à des délais de leur conservation dont le stock doit être renouvelé de manière régulière pour ne point dépasser la date de péremption.