La reprise n'est qu'une affaire de temps. Prévue initialement pour l'après-scrutin des partielles du 24 novembre dernier, la reprise du dialogue portant mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur n'a toujours pas eu lieu. Un retard que les délégués, membres de la délégation en pourparlers, ont expliqué par les raisons de santé du président de la République. «On attend le rétablissement du président de la République pour reprendre le dialogue», disait, hier, un d'entre eux en précisant que «les contacts n'ont jamais été interrompus même au plus fort de la divergence entre les délégués quant à la poursuite ou non des négociations». Pour les délégués des archs, la reprise n'est qu'une affaire de temps, mais à la lumière des résultats des dernières élections partielles, en Kabylie, de nombreux observateurs s'interrogent sur le devenir du mouvement des archs et de la plate-forme d'El Kseur. Si la Cicb s'est donné la peine de tenir une conférence de presse au lendemain du verdict des urnes en précisant que «le mouvement a toujours sa place dans la société», il reste que le retard mis dans la reprise suscite autant d'interrogations au sein de l'opinion locale et nationale. Onze mois après la reprise du dialogue entre le chef du gouvernement et les archs, et près de deux mois après sa «suspension» en raison du discours prononcé par le premier magistrat du pays à Constantine, rien de concret n'est venu confirmer que la plate-forme est en cours d'application. Alors qu'il ne reste pratiquement que de parapher un document de synthèse sur ce qu'on appelle communément «les acquis». L'explication avancée, par-ci par-là, pour expliquer ce retard, reste incompréhensible si l'on considère que tous les autres services et dossiers nationaux continuent à être traités. Deux ans après le premier épisode qui a buté, en 2004, sur la question identitaire, la même pierre d'achoppement a failli cette fois-ci encore venir à bout d'un dialogue porteur de tant d'espoir. L'épisode du discours présidentiel de Constantine, dans le cadre de la campagne électorale portant référendum pour la paix et la réconciliation nationale, s'est soldé par une discorde entre les délégués quant à la reprise ou la suspension du dialogue. Mais la clairvoyance des uns et des autres a permis de recourir à l'équation donnant une reprise imminente après le scrutin de proximité en Kabylie. Ayant revendiqué et obtenu la dissolution des Assemblées locales issues des élections controversées d'octobre 2002, les archs ont opté pour le libre choix aux citoyens lors des deux scrutins successifs. Mais après le scrutin de proximité marqué par un taux d'abstention important, des voix se sont élevées pour relancer le débat sur la légitimité populaire et posent des questions sur leur représentativité en tant que délégués des populations dans les quartiers des villes et villages. Des voix qui cachent mal leur appartenance politique. Pour rappel, plusieurs rounds du dialogue, entrepris successivement, en 2003 et en 2004 et début 2005, ont connu des hauts et des bas mais le dernier en date, qui a donné un statut de partenaire aux archs, aura été celui qui a suscité plus d'espoir. Les discussions aboutiront à la signature d'un protocole d'accord portant sur «la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur dans le cadre des lois de la République». L'effacement des ardoises fiscales au profit des commerçants, la dissolution des Assemblées locales, le contentieux de la Sonelgaz et bien d'autres préalables ont été concrétisés par les pouvoirs publics, permettent ainsi au dialogue d'avancer. Le protocole d'accord sur lequel s'est engagé le chef du gouvernement, désigné à cet effet par le président Bouteflika, a connu aussi un début d'application en matière notamment des indemnisations des victimes et bien d'autres chapitres. Mais le silence radio qui s'est imposé entre les deux parties, laisse la voie livre aux suppositions d'abord sur les intentions du pouvoir mais aussi sur le partenaire dans le dialogue entamé par les pouvoirs publics.