Le secrétaire général du Syndicat des Douanes Ahmed Badaoui, déjà sous le coup d'une mesure de suspension prononcée à son encontre par le directeur général Sid Ali Lebib, est la cible d'un feu nourri de ses camarades. Dans un communiqué, rendu public hier et signé par « le conseil provisoire de redressement du syndicat des Douanes », Badaoui est pratiquement poussé vers la porte de sortie de cette structure. Paraphé par des sections syndicales des Douanes de 33 wilayas ainsi que par celles de la direction générale, de l'aéroport Houari Boumediène et du CNIS, « le communiqué n°4 » dresse un véritable réquisitoire contre Ahmed Badaoui coupable, à leurs yeux, de « détournement, d'agissements fractionnels, de recrutements abusifs » et d'autres griefs encore. Eu égard à ces « chefs d'inculpation », les signataires réclament un « redressement » du Syndicat des Douanes qui passe, bien sûr, par la « tête » de Badaoui. Et aux « redresseurs » de verser un chapelet d'accusations dans le dossier de Ahmed Badaoui. Ainsi, est-il reproché notamment à ce dernier d'avoir fait preuve de « favoritisme et de trafic d'influence dans l'octroi de promotions internes à son entourage direct et familial ». Plus grave encore, ils l'accusent « de détournement et dilapidation des fonds des œuvres sociales dans les dépenses de prestige et des réunions inutiles, organisées dans les grands hôtels, et d'avoir loué un appartement haut standing à Alger aux frais des deniers des travailleurs... » Tout en condamnant le SG Ahmed Badaoui contre lequel sont collés toutes ces anomalies, les redresseurs du Syndicat des Douanes précisent que « le règlement des problèmes socioprofessionnels des travailleurs ne peut intervenir que dans le cadre du dialogue et la concertation entre l'Administration et les instances syndicales, et que la grève doit être le dernier recours... » Voilà qui clarifie les intentions des contradicteurs de Mohamed Badaoui, qui comptent boycotter la journée de protestation de ce secteur, prévue ce lundi 5 décembre par Badaoui lui-même. Cette manifestation devra donc trancher la question de la représentativité au sein du Syndicat des Douanes mais surtout celle du sort de Ahmed Badaoui. Suspendu par le DG Sid Ali Lebib, il est également l'objet de plusieurs plaintes, dont celle liée « à la dilapidation des deniers des œuvres sociales », d'après le conseil de redressement du syndicat. Usant d'un ton cru, ce dernier, tout en se « félicitant » de ces plaintes, appelle les autres sections et conseils à rejoindre le mouvement pour « l'assainissement de notre syndicat national en le libérant de la mainmise de réseaux maffieux ». C'est dire que la désormais affaire de Ahmed Badaoui se complique davantage et met d'ores et déjà Sidi Saïd dans de sales draps. En effet, alors que le patron de l'UGTA négocie avec le DG des Douanes pour obtenir la levée de suspension, voilà que ce communiqué des redresseurs enfonçant Badaoui tombe comme un cheveu sur la soupe, à la veille de la fameuse journée de protestation. Et à travers Badaoui, c'est bien sûr Sidi Saïd qui est ciblé par un clan du secrétariat national de l'UGTA, qui serait derrière cette suspension et, certainement, de ce nouveau pavé jeté dans la mare syndicale. C'est dire qu' à l'UGTA, tous les coups sont désormais permis, à l'heure où « l'odeur » du congrès chatouille déjà les narines d'ambitieux prétendants.