La Coordination des syndicats des entreprises portuaires (affiliée à l'UGTA), élargie à plusieurs autres syndicats, BEA, BDL, de la SNVI, etc, tiendra aujourd'hui une réunion au foyer des dockers, à Alger, pour décider de la stratégie à mener à la lumière de la trêve imposée par le patron de l'UGTA, sous prétexte de l'état de santé du Président. Cette réunion intervient au moment où l'affaire Ahmed Badaoui, secrétaire général du syndicat des Douanes (SND), fait l'objet de deux plaintes. La première - pour diffamation - a été déposée à son encontre par le directeur général des Douanes, alors que la seconde, liée au contenu d'une lettre anonyme portant de graves accusations contre le syndicaliste, a été mise en action par le parquet général. Mercredi dernier, Sid Ali Lebib, premier responsable de l'institution douanière, a jeté un pavé dans la mare en déclarant que la mesure de suspension d'Ahmed Badaoui qu'il a lui-même signée « est une affaire syndico-syndicale ». Pourtant, cette mesure a été bel et bien signée par Sid Ali Lebib, en tant que directeur général de l'institution à la suite de ses propos, tenus lors des différentes réunions de la coordination des syndicats portuaires appelant surtout à la réforme de la gestion de l'UGTA. Un discours nouveau très porteur, du fait des graves problèmes qui opposent les représentants des travailleurs à la direction de l'organique de l'organisation. Le patron des Douanes a tout simplement reconnu que l'affaire Badaoui « est un problème qui concerne l'UGTA et cela n'est pas sans relation avec le congrès de cette organisation ». Voilà un aveu public qui prouve qu'effectivement Ahmed Badaoui a été victime d'un règlement de compte dans lequel Sid Ali Lebib a joué un rôle prépondérant. En effet, en signant la mesure de suspension, il a favorisé les parties qui voient dans les appels d'Ahmed Badaoui à la réforme de l'UGTA une menace sérieuse pour leurs intérêts. En tout état de cause, plus de deux semaines après cette mesure qualifiée par les syndicalistes d'« arbitraires », aucune décision n'a été prise pour le réintégrer dans son poste d'inspecteur divisionnaire. L'Inspection du travail a été saisie à ce sujet et devait rendre sa réponse hier, pour servir au dossier auprès de la chambre administrative, pour « suspension abusive et entrave aux activités syndicales ». Contacté, Ahmed Badaoui a estimé que les propos de son directeur général sont « une reconnaissance publique que la décision de suspension a été prise sur la base d'une directive de l'une des deux parties en conflit au sein de l'UGTA à la veille du 11e congrès de l'organisation. Mais alors, qu'est-ce qui empêche aujourd'hui le directeur général de revenir sur sa décision, si ce n'est une autre directive des mêmes parties qui ont suscité la première décision ? » Badaoui a noté que cette affaire est toujours entre les mains du premier responsable de la centrale syndicale qui s'est « engagé personnellement » à la régler. Aujourd'hui, tous les représentants des syndicats faisant partie de la Coordination des entreprises portuaires sont pour la poursuite des actions de protestation pour la prise en charge de leurs revendications socioprofessionnelles. Des mots d'ordre de grève avaient été déjà lancés, mais quelque peu perturbés par la trêve surprise annoncée sous prétexte de la maladie du Président. En fait, cette trêve n'avait pour but que de neutraliser la contestation grandissante des syndicats d'entreprise dont les problèmes socioprofessionnels sont restés lettre morte au niveau de la centrale syndicale.