«Le suicide ne s'explique que par l'injustice interminable.» (Tarik Belabbes, représentants des chômeurs de Ouargla) Suite au rassemblement tenu hier par les chômeurs devant le siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, trois directeurs centraux de la tutelle – à savoir celui des relations de travail représentant de l'Inspection générale du travail, le directeur général de l'emploi ainsi qu'un conseiller au niveau du ministère – ont reçu les représentants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Ces derniers ont exprimé durant une heure leurs préoccupations, leurs conditions de travail et leur licenciement arbitraire. Tarik Belabbes, représentant des chômeurs de Ouargla, est revenu dans le détail sur la corruption sur le marché de l'emploi dans cette région, évoquant des documents pouvant accabler certains responsables au niveau local. Ce chômeur, dont un frère s'est déjà suicidé à cause de ses conditions de vie lamentables, a dénoncé les pratiques des entreprises de sécurité. «Le suicide ne s'explique que par l'injustice interminable», a-t-il glosé. Tarek Belabbes, qui a connu le mode de fonctionnement de ces sociétés de gardiennage, plaide pour leur dissolution. Il exige qu'une enquête soit menée par une commission autonome faisant participer les membres du collectif des chômeurs. «Il y a une mafia dans le Sud qui exploite le secteur de l'emploi. Je demande une enquête sur les agences locales de l'emploi», a-t-il demandé. «Nous n'avons pas besoin de promesses et de personnes qui circulent avec des t-shirts véhiculant des messages contre la violence», a contesté un autre chômeur du Sud. «Les responsables de ces entreprises de sous-traitance perçoivent 15 millions de centimes pour chaque agent de sécurité. Ce dernier ne touche que 15 000 DA», a déclaré ce chômeur, qui appelle à «l'interdiction des licenciements, quelles que soient les conditions économiques, ainsi que la titularisation de tous les travailleurs contractuels». «Je demande la nationalisation des hydrocarbures et des autres entreprises stratégiques. Je sais que c'est un gros mot», a-t-il ironisé, appelant les responsables au niveau du ministère à procéder au dialogue direct avec la commission de défense des droits des chômeurs. Ainsi, les jeunes chômeurs se sont permis de concevoir des solutions au problème du chômage, bien qu'ils ne soient pas payés pour cela. «On ne veut pas de petits patrons. On veut bien voir l'argent de la CNAC et de l'Ansej investi dans la construction de grandes entreprises publiques créatrices d'emploi.» En guise de réponse, les représentants du ministère de tutelle se sont contentés de transmettre ces revendications. «Tout ce que vous avez dit est réel. Il y a des insuffisances, mais il y a aussi des efforts», a répondu le directeur de l'Inspection générale du travail. Devant l'insistance des chômeurs sur l'enquête, le directeur des relations du travail a promis de «trouver une formule. Là où il y a une déformation, on la répare», a-t-il rassuré sans pour autant préciser quelle sera la procédure envisagée. Les représentants des chômeurs, qui ont exigé au départ des décisions concrètes, sont sortis comme ils sont entrés. Ils se sont entendus tout de même sur le dépôt, officiellement, d'une plateforme de revendications demain.